Morgan Stonhem ➸ Flares

01 | T'es une petite dormeuse au sommeil léger. La grasse matinée, c'est jamais pour toi. T'es plutôt du genre à te coucher à 22H00 et te lever à 5H00, ne serait-ce que pour savourer quelques heures de calme avant d'entamer ta journée. 02 | Chacune de tes journées commence toujours par une énorme tasse de café contenant une indécente dose de caramel. 03 | Si ton sac à main contient toujours le strict minimum, tu ne te sépares jamais d'un carnet et d'un stylo. Tu préfères nettement l'encre et le papier aux notes sur téléphone. 04 | Le Vendredi soir est toujours le soir que t'attends avec impatience, car c'est toujours soirée pizza/pop-corn/jeux vidéo/cinéma (même si les films sont toujours adaptés à l'âge de ta nièce, bien évidemment). 05 | Sans personne pour t'interrompre, tu serais amplement capable de passer des heures à scroller Pinterest et Tumblr. 06 | Tu es parfaitement incapable de faire cuire des pâtes sans brûler l'eau mais s'il y a du bricolage à faire dans l'appartement, c'est à toi qu'il faut demander. 07 | Écouteurs vissés dans les oreilles dès que l'occasion se présente. Ta vie, tu aimes la vivre en musique. 08 | Collectionneuse passionnée, tu n'as aucun scrupule à dépenser une partie de ton chèque de paie - une fois ton loyer réglé et les factures payées - en articles de collection divers et variés, ces derniers occupant tout un mur de ta chambre. 09 | Tu ne peux pas t'endormir sans écouter de la musique dite "d'ambiance", comme des bruits d'orages par exemple. 10 | Tu cultives ton célibat comme un art de vivre. L'Amour est certes une très belle chose, mais s'apparente pour toi à une cage dorée dans laquelle tu ne veux pas te retrouver enfermée. Une obligation et une responsabilité, voilà comment la moindre relation amoureuse t'apparaît: comme un obstacle à ton ardent désir d'indépendance. Or, la seule perspective de voir ta liberté entravée suffit à te donner la nausée.

HISTOIRE |
TW/CW : naissance prématurée ; grossesse/parentalité adolescente.

Didsbury. Une petite ville de moins de 5000 habitants dressée au beau milieu de la campagne canadienne. Un régal pour les yeux et un cadre de vie idéal pour qui aime les grands espaces. Et c'est dans cette ville que tu as vu le jour, heureuse surprise pour des parents qui s'attendaient bien plus à fêter tranquillement le réveillon de Noël au sein du foyer familial plutôt qu'à attendre ton arrivée dans ce bas monde près d'un mois avant la date initiale. La magie de Noël sans doutes... Rien de bien exceptionnel à dire sur ta famille : respectivement médecin et professeur de mathématiques au sein du lycée local, tes parents étaient donc des gens tout à fait respectables, connus de tous et appréciés du plus grand nombre. Et ton frère, de deux ans ton aîné, était bien plus du genre à enchaîner les bonnes actions et récolter les bonnes notes les unes après les autres plutôt qu'enchaîner les bêtises susceptibles de ternir l'honneur familial si cher à vos géniteurs. En somme, vous formiez une joyeuse petite famille parfaite sous tous rapports. Certaines fois, tu te permets d'y repenser. Et même le passage des années n'apaise pas la rage que t'éprouve à chaque fois. Car cette image de " la famille parfaite sous tous rapports", elle s'est bien cassée la gueule dans le courant de ta quinzième année, quand le scandale est arrivé par le biais de ton propre frère.

Car le fils aîné, cet enfant tenu en si haute estime par ses géniteurs, avait commis l'outrage suprême. Avait fauté. Sans même le désirer. Une capote qui craque, une grossesse non détectée jusqu'à ce qu'il soit "trop tard" pour y faire quoi que ce soit, une petite amie de l'époque confrontée au choix d'être déshéritée par sa famille ou abandonner cet enfant surprise, et voilà ton frère aîné propulsé au rang de père célibataire. Déshérité et expulsé de la maison dans la foulée, quittant la ville du jour au lendemain avec son enfant dans les bras, avec juste ses vêtements sur le dos et trois sous dans les poches. Direction Vancouver, auprès de vos grands-parents paternels, vos oncles et tantes. Tous et toutes forts peu heureux du traitement infligé à ton grand frère par tes géniteurs. Si ton frère était de nature irresponsable, ou avait cherché à se défiler devant une si grande et soudaine responsabilité, peut-être que ton avis sur tout ce merdier aurait été différent, peut-être que le soutien du reste de votre famille n'aurait pas été le même. Peut-être que t'aurais même pas cherché à garder le contact avec Lui, en dépit de l'interdiction formelle de tes parents. Mais ton frère a tout fait pour que ça marche, et tes parents étaient bien les seuls à ne pas le voir. Trois ans. Trois longues années à attendre, à enchaîner les petits boulots pour mettre de l'argent de côté, à supporter les dents serrées de voir tes parents reporter toute leur affection et leurs espoirs sur toi, à être si fière de voir ton frère - même de loin - gérer avec brio sa vie de père célibataire épanouie et sa vie professionnelle réussie, à compter les jours te séparant de ta majorité. Ta dix-huitième bougie, tu l'as d'ailleurs soufflée dans une station-service en attendant de remonter dans le bus, assise sur ta valise pleine de tes affaires. T'enfuir de chez toi pour rejoindre ton frère, c'est bien tout ce que t'attendais.

Adieu Didsbury, bonjour Brevik ! Une charmante ville de l'Etat de Washington, à peine plus grande que votre ville de naissance mais ayant l'avantage non négligeable d'être construite au bord de mer. Ville dans laquelle tout un panel d'opportunités nouvelles s'ouvraient devant toi, et t'en as bien profité : l'une des chambres d'amis dans l'appartement de ton frère est devenue ta chambre, t'as réussi à négocier de lui payer un loyer + certaines factures (histoire de ne pas avoir l'impression d'être hébergée à titre gratuit), tu as une nièce de neuf ans des plus adorables que tu n'as aucun problème à baby-sitter si besoin et tu n'as pas à te plaindre de ton emploi. Vendeuse dans une boutique de comics, c'est le premier métier que tu as obtenu après ton arrivée en ville, et c'est toujours celui que tu exerces à ce jour. Tu ne te vois pas chercher autre chose - tu ne veux pas chercher autre chose - et en somme ? Tu considères avoir plutôt bien réussi ta vie.

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