Jamie ⇝ Sometimes, all I need is the air that I breathe

01 | Il lui est absolument impossible d'écouter The End of the World, de Skeeter Davis. C'est la chanson que sa mère écoutait le jour où elle a tenté de les tuer, tous les deux. Cette chanson provoque une réaction allergique de panique chez lui, du fait du traumatisme qu'elle ravive. 02 | De tous ses traumatismes d'autrefois est né quelque chose de plutôt incroyable : sa ténacité à croquer la vie à pleines dents. Il fait de son mieux pour ne rien regretter, même si ce n'est pas toujours facile, il s'estime chanceux d'être encore là. 03 | Il a une petite chienne, qu'il aime comme une enfant, c'est son petit trésor. Il l'a appelée Darling. Oui, c'est cliché, mais il faut dire que ça l'a beaucoup fait rire, et ça lui va plutôt bien. 04 | Il aime le sport. C'est quelque chose qui lui permet de se recentrer, de se vider des émotions négatives et de toute charge mentale. Il court tous les matins, et fait un peu de musculation pour se dépasser. 05 | Il a rompu tout contact avec sa mère à l'âge de 15 ans, malgré les nombreuses tentatives de celle-ci pour communiquer avec lui. Il est par contre très proche de sa tante, qui l'a élevé et toujours soutenu. 06 | Il aime faire la fête et traîner dans les bars -lorsqu'il en a le temps. C'est un bon vivant, un fêtard, qui ne dit jamais non à une bonne bière et un groupe d'amis. 07 | Sa récente rupture l'a beaucoup affecté. Il pensait passer sa vie avec elle. Il rêve d'être père et de fonder une famille, mais craint secrètement le temps qui passe, et les opportunités qui s'amenuisent. 08 | En bon amoureux de la vie, c'est un amoureux de la nature, et de sa beauté. Il aime les longues promenades et randonnées au milieu de nulle part, le bruit du vent en pleine forêt, le scintillement des étoiles dans le ciel de campagne... Il s'apaise lorsqu'il se retrouve en pleine nature, sans l'effervescence de la ville autour de lui. 09 | Il se décrit lui-même comme le pire cuisinier de l'histoire. Ce n'est pas faute d'avoir essayé, mais il a déjà bien du mal à faire cuire un oeuf, réaliser un plat relèverait de l'exploit. C'est vrai qu'à faire plusieurs choses en même temps, il a tendance à oublier que quelque chose chauffe sur le feu. 10 | Il est absolument terrorisé par les trajets en voiture, depuis ses sept ans. Il est incapable de se tenir sur le siège passager, et préfère conduire lui-même. Au quotidien, il ne se déplace qu'en vélo ou en transport en commun, plus rassurants à son goût. 11 | Il est vacciné des grands gestes de démonstration d'amour en public. Se couvrir de honte en cas de refus, très peu pour lui, il ne fera plus jamais cette erreur.

HISTOIRE |
Brevik - 1994 : cinq ans.

« Tu vas aller vivre chez tante Erin pour un moment, d’accord, Jamie ? » Il lève les yeux pour observer l’inconnue, celle chez qui on lui demande de vivre, et recule pour enfoncer sa tête contre le genou de celui qui l’a réconforté. « Je veux maman. » Un silence pesant s’installe, et les deux adultes se toisent, inquiets. Tante Erin s’accroupit alors devant le garçon, d’un air familier et tendre, les commissures de ses lèvres légèrement relevées. « Ta maman ne va pas très bien en ce moment, et ce gentil monsieur va s’occuper d’elle, pour qu’elle revienne vite te chercher. En attendant, tu vas rester chez nous. » Il regarde la jeune femme d’un air méfiant, toutefois attentif à ses mots.
C’est vrai que sa mère n’a pas l’air bien, ces derniers temps. Elle passe toutes ses journées à pleurer. Et puis, il y a eu cette fois-là, où il l’a vue étendue dans son lit. Son voisin lui a couvert les yeux et il a entendu des pas autour de lui, jusqu’à ce qu’on le porte pour l’emmener à l’extérieur. Depuis, il n’a plus vu sa mère.
Voyant le jeune garçon perdu dans ses pensées, toujours inquiet de son sort, Erin s’approche doucement, un sourire rassurant aux lèvres, comme si elle allait lui raconter un secret. « Tu sais, Jamie, je suis la petite sœur de ta maman. Moi aussi, j’ai très très envie qu’elle aille mieux. Et elle ne voudrait pas que tu restes tout seul, tu ne crois pas ? Alors, si on se serrait les coudes pour qu’elle se sente vite mieux ? » Son sourire lui rappelle celui de sa mère, tellement similaire. Il la toise un instant, puis finit par hocher la tête, timidement. C’est alors qu’elle lui tend gentiment la main. Il la saisit, et s’empresse de lui sauter dans les bras, libérant les larmes qu’il retient depuis trop longtemps déjà.
Il sait, au fond, que sa mère n’est plus la même depuis la mort de son père. Qu’elle devient de plus en plus pâle, et de plus en plus maigre. Il sait aussi, tout au fond de lui, qu’elle n'ira jamais mieux, et qu’elle ne retournera jamais le chercher.

Brevik - 1997 : sept ans

Elle est là, juste en face de lui. Il n’en croit pas ses yeux. « Maman ? » Elle sourit et s’avance pour le prendre dans ses bras, après presque trois ans sans pouvoir le toucher. Elle est enfin sortie, et elle est venue le chercher. Il en pleure presque de joie, mais lorsque l’étreinte s’achève, il remarque que son sourire n’est plus le même. Il remarque un nerf visible sur sa tempe, et ses yeux fatigués, son air sombre et son sourire craquelé. « On va faire un tour, Jamie ? » Trop heureux de retrouver sa mère, l’enfant acquiesce, ignorant son premier pressentiment. Ils partent ensemble en voiture, sur un fond de musique d’antan, « comme lorsque ton père était là. » dit-elle. Il n’a déjà plus aucun souvenir de lui, si ce n’est les quelques photos qu’on lui a offertes pour le garder en mémoire, comme l’illusion qu’il est devenu. Sa mère chantonne d’un air distant, et il déglutit, angoissé. Pourquoi est-elle revenue ? Personne ne l’a prévenu. Pourquoi l’a-t-elle récupéré sans prendre le temps de parler à sa soeur ? Il aligne tous les indices dans son esprit et comprend bien assez vite qu’on ne l’a jamais laissée partir. Elle est sortie toute seule. Il tourne alors la tête vers celle qu’il reconnaît aujourd’hui comme une étrangère, les larmes lui montant aux yeux. Elle se retourne à son tour, son regard éternellement flou, lui caresse tendrement la joue et murmure, le pied toujours appuyé sur la pédale d’accélération. « On va rendre visite à ton père. » Son sang se glace alors qu’elle prononce ces mots, quelques secondes à peine avant qu’un choc ne retentisse, figeant le temps en une myriade de fractions. Il voit le train engloutir la voiture et la traîner le long du chemin de fer, et les vitres exploser au même instant, et puis, plus rien.

Il se réveille le lendemain matin sur un lit d’hôpital, à peine conscient de ce qui vient de lui arriver. La douleur dans son abdomen se fait ressentir aussitôt qu’il tente de se relever sur son lit, et il sent comme un étirement au niveau de son crâne. Quelques minutes plus tard, un homme en blouse blanche rentre dans la pièce, un dossier à la main. « Te voilà enfin réveillé, comment te sens-tu ? » Jamie regarde l’homme d’un air livide, encore choqué par les derniers souvenirs qui lui viennent en tête. « Elle est où, maman ? » Il a encore du mal à tout assimiler ; son regard empli de folie, son sourire terrifiant, le son tonitruant du train s’approchant à grande vitesse, le choc ressenti au moment de la collision… Toutes les images lui reviennent, une à une. Il n’est pas en mesure de comprendre ce que sa mère a essayé de faire. Un léger silence plane dans la chambre après la question du garçon, puis le médecin s’éclaircit la gorge pour se donner de la consistance, tout à fait conscient que la jeune femme a essayé d’entraîner son propre fils dans sa tentative de suicide. « Ta maman est en soins intensifs. Ca veut dire qu’on prend soin d’elle, ne t’en fais pas. » L’enfant baisse le regard, perdu. Il n’a pas vraiment envie de revoir sa mère, finalement.

Brevik - 2004 : 15 ans

Il n’a pas vraiment envie d’être là, mais Erin lui a un peu forcé la main. « Elle essaie, tu sais. Et puis, tu dois avoir besoin de la voir, non ? Trouver des explications ? » Là-dessus, elle a peut-être raison, même s’il ne le reconnaîtra jamais. Il a besoin de voir sa mère. Mais surtout pour lui dire qu’il ne lui pardonnera jamais. Que toutes les excuses du monde ne seront pas suffisantes pour pardonner ce qu’elle a tenté de faire.
Il est assis, les bras croisés, avachi sur sa chaise, à l’image de l’adolescent qu’il est aujourd’hui, le regard froid et distant, à attendre qu’elle pointe le bout de son nez. Il a choisi lui-même un lieu public pour s’assurer qu’elle ne l’embarque pas de force, de peur qu’elle ne tente à nouveau d’atteindre à sa vie. Avoir peur de mourir en présence de sa mère, ça n’a rien de naturel. Elle arrive quelques minutes plus tard, toute guillerette, se faufilant parmi les tables du café, jusqu’à arriver devant lui. « Bonjour Jamie ! » Il détourne la tête. Son ton joyeux ne fait qu’augmenter la colère qui bouillonne en lui. Elle s'assoit, sans doute déçue de ne pas avoir obtenu de réponse, de ne pas avoir eu la bise salvatrice de son fils, puis reprend de plus belle. « Comment vas-tu ? Tu as tellement grandi ! » Depuis que tu as tenté de me tuer ? Oui. Huit ans qu’il ne l’a pas vue, à l’exception de quelques brèves visites imposées. Devant le mutisme de son fils, elle comprend qu’elle ne pourra pas s’en sortir aussi facilement. « Jamie… écoute… Je sais que ce que j’ai fait est impardonnable… j’étais devenue quelqu’un d’autre… Je sais que c’est difficile à comprendre mais… » Elle pose la main sur la sienne, légèrement camouflée contre son torse, et c’est le geste de trop. Il se retire immédiatement, en un mouvement de recul, jusqu’à se lever de sa chaise pour la regarder droit dans les yeux. « Difficile à comprendre ?! Non ! Non, c’est très facile : mon père est mort, et tu as voulu m’entraîner avec toi dans ton suicide. Tu vois, plutôt simple à comprendre ! » Un silence embarrassant prend place à l’intérieur du café. Tous les regards se sont tournés vers eux, en réaction aux cris de l’adolescent. Sa mère baisse le regard, plus honteuse que jamais, sans rien dire. « T’as raison, quand tu dis que c’est impardonnable. » Il se rapproche d’elle, plus en colère que jamais, pointant son doigt vers son visage pour lui faire comprendre à quel point il est sérieux. « Je ne veux plus jamais avoir affaire à toi. Alors va charmer quelqu’un d’autre avec tes pseudo-remords. » Sans attendre plus de réponse de sa part, il attrape sa veste et sort du café, sans même se retourner, se jurant de ne plus jamais lui parler.

Bellingham - 2006 : 17 ans

Il n’aurait jamais cru que ce jour viendrait, mais voilà qu’aujourd’hui, plus rien, hormis le sang, ne le relie à sa mère. L’adoption a été prononcée en faveur de sa tante et de son oncle, celle qui l’a élevé toutes ces années, malgré les arguments de sa mère pour faire changer l’avis des jurés. Il a appris qu’elle avait rencontré quelqu’un, qu’elle avait retrouvé un travail, et commencé à reprendre sa vie en main, mais pour autant, tous ses efforts ne changeront jamais rien aux traumatismes qu’elle a causés. Il a simplement insisté, lorsqu’on lui a posé la question, sur le fait qu’il ne se sent pas en sécurité avec elle, et qu’il a été éduqué et sauvé par sa tante, depuis des années déjà. Que l’acte d’adoption n’est que la confirmation de quelque chose qu’il sait déjà depuis bien longtemps : sa mère, c’est Erin. Les témoignages, les relevés de la santé mentale de sa génitrice, ses années d’internement, et sa tentative de meurtre ont suffi pour faire pencher la balance, malgré un encouragement lancé pour sa bonne conduite. Il n’aurait pas cru que la scission serait si difficile. La voir sur le chemin de la rédemption lui a fait chaud au cœur, et il ne peut qu’espérer qu’elle s’en sorte, qu’elle refasse sa vie en oubliant le passé. Pour autant, se tenir en fasse d’elle, c’est au-delà de ses forces, et rien ne pourra jamais changer ça.

Bellingham - 2017 : 28 ans

« Jamie, voici Sophia. Elle vient d’arriver en ville, alors je l’emmène rencontrer du monde. » Coup de foudre. Il n’y croit pas vraiment, n’en a jamais été convaincu, mais cette fois, il peut l’attester, il est tombé amoureux d’elle dès le premier regard. Il y a quelque chose chez elle qui l’attire irrémédiablement, une sorte d’aura, cette sensation de chaleur qu’elle dégage. Il reste planté là un instant, sans savoir comment réagir, puis finit par sortir de sa torpeur pour lui tendre la main, sourire béat aux lèvres. « En… Enchanté… Sophia. » Même son nom lui rappelle le soleil. Elle sourit à son tour et lui serre la main, confirmant l’attraction de Jamie envers elle. Il n’aurait jamais cru rencontrer quelqu’un lors d’une fête de fin d’études, au milieu de tous ces visages familiers. D’ici quelques mois, il sera officiellement chirurgien, un métier qu’il n’a pas choisi par hasard, et pour lequel il a décidé de consacrer sa vie. Se sentir utile, aider les autres, les accompagner ; sa vocation est apparue au cours de son adolescence, alors qu’il se cherchait encore un sens concret à sa présence en ce monde. Il a d’abord pensé devenir pédiatre, mais l’idée lui est passé lors de sa première année d’internat, alors que, dans le couloir de l’hôpital, il a croisé un gamin qui lui rappelait bien trop ce qu’il avait vécu.
Sophia s’assoit à ses côtés au bar, et commande une bière pour l’accompagner. Jamie a les yeux rivé sur elle, incapable de détourner le regard ne serait-ce qu’une seconde, de peur qu’elle ne lui échappe. Ils passent des heures à discuter, sans même se mêler aux autres, jusqu’à ce que, finalement, le barman annonce sa fin de service. Un profond regret le parcourt alors, et, timidement, il lui demande s’ils peuvent se revoir, quelques jours plus tard. Elle accepte sans hésiter, et son coeur se transporte. Ils se revoient deux jours plus tard, puis la semaine suivante, puis celle qui suit, et celle d’encore après, jusqu’à ce que, finalement, ils décident d’aller plus loin, d’avancer ensemble.

Brevik - 2021 : 32 ans

Il est fin prêt. Voilà quelques temps déjà qu’il y réfléchit, pour ne pas dire des années. Ils ont coché toutes les cases ensemble, jusqu’à emménager tous les deux, l’an passé. La savoir à ses côtés le remplit de joie, au quotidien. Et aujourd’hui, c’est le grand jour, celui qui marquera le début d’une nouvelle histoire, celle du reste de leur vie, celle qu’ils raconteront à leurs enfants, plus tard. Il n’a -presque- jamais été aussi stressé de sa vie. Il n’ose même pas imaginer ce qu’il pourrait faire s’il essuyait un refus, mais préfère largement ne pas y penser.
Il a donné rendez-vous à Sophia dans le parc de leur premier rendez-vous, juste après son travail. Il patiente sur un banc, tapotant nerveusement le sol de sa jambe droite, et se lève aussitôt qu’il l’aperçoit, déjà intimidé par ce qu’il va lui demander. L’écrin le gène, dans sa poche intérieur, mais il attend, patiemment, le bon moment. « Pardon, je suis en retard, j’ai eu un client de dernière minute. » Elle l’embrasse pour le saluer, de façon automatique, et il ne peut pas s’empêcher de renifler son parfum, comme d’habitude. « Ne t’en fais, c’est pas grave. On marche un peu ? » Elle acquiesce et il enclenche le pas, retournant la situation dans tous les sens pour trouver la meilleure manière de sortir ce qu’il a sur le coeur. Au bout de quelques minutes, à discuter de tout et de rien, à se remémorer leurs souvenirs, il s’arrête, non loin de la fontaine. Pour lui, c’est le cadre idéal. Un peu mielleux, sans doute, mais tant pis. Elle se retourne pour l’observer, sans trop savoir ce qui peut bien lui passer par la tête. « Sophia… Ca fait maintenant quatre ans qu’on est ensemble, et tout a commencé là, dans ce parc. » Ses lèvres s’étirent de bonheur en y repensant, tandis que les yeux des promeneurs se tournent déjà sur eux. « Je n’aurais jamais cru trouver quelqu’un comme toi, quelqu’un que je puisse aimer autant que toi. Lorsque tu as emménagé, j’étais déjà le plus heureux des hommes, et ça ne fait que continuer, de jour en jour. » Elle ne dit pas un mot, sous le choc, priant pour que la suite ne soit pas celle à laquelle elle pense actuellement.
Il pose alors un genou à terre, sortant l’écrin de sa poche pour lui présenter la bague qu’il a choisi exprès pour elle. Il entend autour de lui les souffles des quelques promeneurs se couper, et se demande si, finalement, cette idée n’était pas la pire. Il prend malgré tout son courage à deux mains pour prononcer les mots qui officialiseront son geste. « Sophia, est-ce que tu accepterais de devenir ma femme ? » Des légers cris de joie se font entendre autour d’eux, tandis que le silence plane entre les deux amants. Un silence un peu trop long, un peu trop encombrant. Il voit son expression changer sous ses yeux, et comprend bien vite que la réponse à sa question ne sera jamais oui. Son sourire se fane, à lui aussi, jusqu’à disparaître entièrement lorsqu’elle prononce : « Jamie… attends… » Il referme aussitôt l’écrin, et réfléchit à la meilleure manière de se tirer de cette situation sans ressentir la honte qui l’assaille. Peut-être devrait-il feinter une blague ? Il n’en a pas le courage. Il se relève alors, tête basse, sentant résonner les chuchotements des passants. « Je suis désolée, Jamie… Je ne suis pas prête… pas maintenant… » Il hoche la tête, vexé, et soupire en replaçant l’écrin dans sa poche. Il ne sait plus quoi ressentir. « On peut… faire comme si de rien n’était ? Comme si je n’avais rien dit ? » Demande-t-il. C’est encore le dernier espoir qu’il lui reste, celui auquel il se raccroche, ce « pas maintenant » qui prend des airs de « peut-être », mais son coeur a déjà commencé à se briser, petit à petit, douloureusement.

Brevik - Février 2022 - 32 ans

Sophia et Jamie ont fini par rompre, bien que les sentiments du jeune homme n’aient pas vraiment changé, il a été forcé de se rendre à l’évidence : elle ne l’aime plus. Elle lui a même avoué avoir rencontré quelqu’un, entre deux cartons de déménagement. Ils ne sont pas réellement quittés fâchés, seulement légèrement blasés comme si, en l’espace de quelques semaines, tout ce qui les reliait autrefois avait disparu. En tout cas, de son côté. L’appartement lui semble encore vide, après deux mois sans elle, mais il commence doucement à remonter la pente, même s’il ne se sent pas encore prêt à prendre le chemin d’une nouvelle relation. Il a revendu la bague, jugeant qu’il serait trop mal placé de la garder pour quelqu’un d’autre, et de garder le souvenir auquel elle est rattachée désormais. La vie suit son cours, les sorties continuent, ses voisins ont déménagés, sa cousine (et petite soeur) attend son premier enfant, ses amis continuent de le faire rire, et si les premières semaines sont difficiles à endurer, il se remet, progressivement, de cette douleur au coeur, légèrement amoindri par ces sentiments de honte et d’abandon qui ne semblent pas le lâcher si facilement.

A la mi-février, il est réveillé par le bruit d’un camion qui se gare non loin de chez lui. Un coup d’oeil à la fenêtre lui suffit pour se rendre compte qu’il s’agit d’un camion de déménagement, garé en face de la maison d’à côté. De ce camion sort une jeune femme brune, qui sort immédiatement un carton du véhicule, pour se diriger vers son nouveau chez elle, à priori. Il se relève et, en bon voisin, décide de lui apporter son aide, tout en allant se présenter. Une fois habillé, il sort de chez lui pour la rejoindre. Elle a déjà ramené quelques cartons sur le perron de la maison, toute seule, apparemment. Il lève une main pour la saluer. « Bonjour ! Je peux vous aider ? » Par surprise, elle lâche le carton qu’elle a en main, qui s'écrase au sol en fracas. Il est écrit ‘fragile’ sur l’une des faces. « Ca, c’était mes verres. » Glisse-t-elle en souriant. « Désolé, je ne voulais pas… » « Oh, c’est pas grave, je voulais les changer, de toute façon. » Elle semble joyeuse, insouciante, et son sourire est terriblement communicatif. Il l’aide à porter quelques cartons, puis quelques meubles. Elle a quelque chose de rafraîchissant, une personnalité qui touche au coeur très rapidement, et il se dit qu’avec elle, les relations de voisinage ne seront pas ennuyeuses…

PSEUDO/PRENOM | .plùm/Caroline AGE | 26 ans  PRONOMS | elle/she PRESENCE | le soir, le week-end OU AS-TU CONNU LE FORUM ? | via PRD CRÉDITS | gifs - j'ai oublié  (tumblr)