rooke // i'm looking for affection in all the wrong places

Elle n’est pas certaine que ce soit une bonne idée, Brooke — c’est presque plutôt l’inverse, la certitude qui se faufile dans sa conscience, qui rend les doutes plus crépitants et sonores et présents à mesure que les minutes défilent sur son téléphone et sa montre (au cas où l’un tombe en panne, que l’autre mente sur l’heure réelle) et elle vient presque à espérer (prier) pour que Ryland se dégonfle, n’ait d’autres plans (même faux, elle les accepterait, Brooke). C’est qu’elle force aussi ses amis à rester pas loin du stand de maquillage sans leur donner de réponse précise, des informations si vagues qu’ils commencent à se moquer dans son dos sans qu’elle ne les écoute totalement (à part pour leur lancer un hey indigné quand l’un d’eux suggère qu’elle veut peut-être revoir son propre maquillage parce que merci, elle s’est appliquée sur son eye-liner et pour une fois à réussi à plus ou moins rendre les deux yeux égaux). Elle le sait, que ce stand est principalement à destination des plus jeunes et puis des touristes venus exprès pour le Fest et c’est d’ailleurs pour ça qu’elle l’a choisit — entre les enfants et les touristes égarés, il ne sera pas difficile à reconnaître, Ryland (parce qu’elle n’a pas osé le lui dire, mais elle n’est pas tout à fait certaine de se souvenir de sa dégaine, ni même complètement de ses traits, le visage un peu estompé parce qu’ils ont surtout échangé par texto depuis le rendez-vous, sans doute peu motivés par l’idée de potentiellement renouveler le désastre de ce dernier, même dans d’autres circonstances). Elle se souvient de son accent britannique (accent qu’elle a imité exagérément par la suite, en contant le rencard à ses amis, justement, avec l’air pincé de celle qui ne veut surtout pas renouveler l’expérience et qui sait mieux, sans doute un peu trop portée par l’alcool bu à ce moment-là) mais doute qu’il parlera avant qu’elle ne puisse l’apercevoir pour signifier sa présence. Elle commence à se ronger un ongle nerveusement, porte son autre main, celle qui tient le téléphone, pour replacer ses lunettes, y laisse une trace de doigt qui la fait soupirer, qu’elle décide d’ignorer (au moins pendant deux secondes) et puis en fait, elle se dégonfle, elle va lui envoyer un message, elle, pour annuler. Lui dire que c’est ridicule de prétendre être — être quelque chose (amis, amants, en couple, elle ne sait pas vraiment parce qu’au final, par texto, ils n’ont pas trop développé et elle se dit qu’ils auraient pu, auraient du, même, le faire et que ses questions à lui qu’elle avait trouvé agaçantes et en trop sur le moment étaient finalement loin d’être si idiotes ou inutiles qu’elle ne l’a pensé).
Et tant pis si elle doit encore être la seule célibataire, celle qui tient la chandelle et doit faire les activités en solitaire.
C’est toujours moins honteux à ce genre de festival qu’à un repas de famille ou le nouvel an ou, pire encore, la Saint Valentin.
Elle a déverrouillé l’écran, ouvert la conversation, tapé le premier mot quand il surgit de nulle part (enfin, il lui semble mais elle avait le nez sur son téléphone, Brooke) et elle tord la bouche, esquisse un salut lointain un peu étrange, malaisant (ou mal à l’aise, sans doute les deux) de la main avant d’hésiter, lancer un regard à sa bande un peu en retrait et se décider. Elle ne les prévient pas, s’avance plutôt pour rejoindre Ryland. « Hey, hi. Thanks again for coming. / Hey, salut. Merci, encore d’être venu. » Elle essaie d’avoir l’air détendue, Brooke, de ne pas montrer qu’elle ne sait pas exactement quoi d’autre elle pourrait lui dire (ce n’est pas comme s’ils avaient beaucoup en commun, de ce qu’ils ont échangé sur Tinder). « I was thinking, you’re really not forced to pretend to be my boyfriend or anything, I mean… We can tell them you’re a friend, you know. From elsewhere than university. / Je pensais, t’es vraiment pas obligé de te faire passer pour mon copain ou quoique ce soit. Je veux dire… On peut leur dire que t’es un pote, hein. Pas de la fac. » Le coeur cogne dans sa poitrine, frappe régulièrement et elle sait, Brooke, qu’elle ne devrait pas avoir à craindre la réaction de ses amis mais elle ne peut pas s’empêcher de se projeter, d’aller déjà plus loin dans cette illusion — de se demander si elle va pas devoir inviter Ryland régulièrement aux soirées, maintenant, au moins celles organisées dans sa colocation (et est-ce qu’elle va devoir le présenter à Caleb et June et qu’est-ce que va bien pouvoir leur dire à eux ?) Et c’est peut-être un peu trop non, tout ça pour satisfaire son égo. Elle ouvre la bouche mais choisit plutôt de planter ses dents dans sa lèvre inférieure, une main qui se soulève d’elle-même pour se déposer sur le bras de Ryland, la question du pourquoi fait-elle ça qui lui vient à l’instant même où elle sent le tissu sous ses doigts. Elle n’ose pas la retirer trop vite (de peur que ses potes regardent, trouvent ça louche, encore plus que tout le reste si c’est seulement possible) alors elle l’y laisse quelques secondes, le sourire tout ce qu’il y a de plus forcé et de moins naturel plaqué sur le visage. « Okay, we should, em, maybe… / Ok, on devrait, hm, peut-être… » Elle désigne le groupe qui leur lance des regards en biais, sans savoir s’ils peuvent à leur tour s’incruster ou non, et les regards qui se croisent suffisent pour répondre à la question silencieuse. La bande s’approche et le coeur de Brooke tombe dans son estomac, lourdeur, aigreur, peut-être qu’elle n’aura pas besoin de mentir si elle tombe dans les pommes, finalement.

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Peut-être devrait il apprendre à dire non, se poser plus de questions avant au lieu de se piéger dans des situations potentiellement problématiques pour faire plaisir, rendre service. Il devrait probablement redemander à Brooke si c'est une bonne idée, et puis pourquoi font il ça, et est-ce qu'ils ne devrait pas discuter un peu plus en détails de ce qu'ils sont supposés dire à ses amis ? Mais la crainte de donner l'impression de vouloir se dérober retient sa main lorsqu'il envisage de taper un nouveau message, et l'écran de son côté reste tout aussi exempt des trois petits points de suspension qui aurait pu lui signaler les doutes de Brooke. Viking Fest, donc. Il ne peut s'empêcher de songer que c'est quelqu'un d'autre qu'il devrait rejoindre sur place, plutôt que de s'inventer une vie avec quelqu'un rencontré sur une application sur laquelle il ne devrait pas loucher autant qu'il le fait. C'est Eden, qui aurait dû répondre à son message il y a plus d'une semaine, son invitation au festival dès le premier jour, plutôt qu'en roue de secours à l'ultime minute. C'est elle qu'il devrait apercevoir, le nez sur son téléphone, alors qu'il approche du stand de maquillage où se bousculent les enfants. Pour elle qu'il aurait dû hésiter sur sa tenue et ses cheveux et si oui ou non ses lunettes de soleil lui donnaient l'air hautain. Un autre prénom quitte ses lèvres tandis qu'il ralentit à une distance raisonnable, soudainement incertain de la marche à suivre. Soudainement plus conscient qu'il ne peut pas lui prendre la main ou passer un bras autour de ses épaules comme s'il y avait quelque chose entre eux, même si le mélange de colère et de déception lui avait soufflé d'accepter — qu'il ne serait pas le premier à fauter.
Brooke répond à son appel par un signe de la main et il ne sait pas si ses potes sont à proximité mais, si c'est le cas, il s'imagine que son expression est largement suffisante pour faire comprendre qu'il n'est pas un copain caché qui se trouverait présenté aujourd'hui. Il lui suffit de suivre son regard pour apercevoir un petit groupe et, avant qu'il ne se ridiculise, planté là seul entre elle et eux, elle le rejoint. Leurs gestes et attitudes ne traduisent certainement pas une quelconque proximité, mais cela peut encore s'expliquer par la gêne d'être observés. Sauf qu'il ne peut pas, n'est-ce pas, laisser l'imagination courir et l'interprétation se faire toute seule, il lui faut trouver les mots et le moment (le plus tôt sera le mieux) pour exprimer ses réticences (sans passer pour un parfait abruti qui, il y a encore une heure, était prêt à prétendre en oubliant complètement sa véritable petite amie). « Hi. Don't mention it. / Salut. N'en parlons plus. » Ce n'est pas comme s'il avait autre chose à faire, Rye, attendant encore que celle qu'il espérait avoir à ses côtés aujourd'hui finisse par lui donner une réponse. Attendant comme s'il y croyait vraiment. Il lui vient, fugitivement, l'idée ridicule qu'elle pourrait encore le faire, venir, lui faire la surprise, et le trouver là avec Brooke. Celle-ci lui sauve d'ailleurs la mise, proposant avant qu'il ne puisse le suggérer qu'ils s'en tiennent à une relation platonique. Sa réflexion n'est pas longue, quoi qu'il s'efforce de ne pas paraître trop pressé et désespéré d'accepter le changement de plan. « Oh, euh, yeah. Yeah, it's probably best. I'll follow your lead, if that's alright. / Oh, ouais, c'est probablement mieux. Je suivrai ton exemple, si ça te convient. » Il n'est pas certain de ce qu'il peut dire, à ses amis. De tinder, d'eux, du fait qu'il est la dernière personne qu'il aurait imaginé Brooklyn inviter, présenter à sa bande. Il ne sait trop qu'en penser, d'ailleurs, voudrait demander s'il était vraiment sa dernière option, commode parce qu'inconnu de ses proches, ou s'il est un minimum bienvenu et qu'elle considère que prétendre être avec lui est insensé pour des raisons évidentes, ou si c'est parce que c'est lui. Mais il n'en a pas le temps, sa main touche son bras et il baisse les yeux sur l'endroit où ses doigts rencontrent sa veste. Le regard revient aux traits de la brune, et la confusion laisse place à un sourire amusé — elle sait aussi peu que lui ce qu'ils sont en train de faire. Peut-être ne devrait il pas s'en amuser, mais ç'a pourtant le don de donner à sa posture quelque chose de plus naturel et détendu, alors que Brooke semble s'attendre à ce que tout parte vau-l'eau. Il se retient de rire, la laisse décider quand il lui semble approprié d'interrompre le contact, et s'efforce de ne pas surveiller le groupe qui les observe sans aucun doute à distance, attendant qu'ils se trahissent dans un sens ou dans l'autre. « Of course. You sure they don't mind my being here ? / Bien sûr. Tu es sûre que ma présence ne les dérange pas ? » Il a hoché la tête, un regard bref pour le groupe qu'elle lui désigne, et qui n'a besoin que de ça pour se mettre en marche. Il commence également à les rejoindre, côte à côte avec Brooke, son bras suffisamment proche d'elle pour frôler le sien dans le doute de ce qu'elle compte présenter comme relation, mais sans pour autant la coller. « You know, I think we should've thought this through. / Tu sais, je pense qu'on aurait dû mieux réfléchir à tout ça. », qu'il souffle, juste pour elle, l'amusement dans la voix malgré tout.

Il est là, Ryland, et Brooke, elle pourrait presque le maudire d’être venu (si encore il avait fait faux bond elle aurait pu mettre ça sur son dos et prétendre ne plus tellement avoir le moral aux festivités et avoir une excuse toute trouvée, une très bonne excuse qui plus est, pour rentrer chez elle et se mettre devant Netflix et ne rien faire d’autre en attendant que ses colocs rentrent à leur tour — mais non, il est là, Ryland, avec son air gauche (qu’elle ne peut pas juger, elle a conscience d’avoir le même) et son plan de secours tombe à l’eau). Elle ne le maudit pas, toutefois (pas maintenant qu’il est là, en tout cas, peut-être que ça viendra plus tard dans la journée, s’il décide de nouveau de lui parler d’échecs ou de stratégie d’elle-ne-sait-pas-quoi (elle croit se souvenir qu’il a fait du soccer, alors peut-être bien de ça)), se dépêche plutôt d’aller le rejoindre avant qu’ils ne soient à portée d’oreilles de sa pote à elle. Sauf que même loin d’eux elle ne sait pas quoi lui dire et c’est le retour au date, à se regarder avec ce malaise peint sur les visages et l’envie de partir sans doute loin plutôt que d’être ici. Et ce n’est pas tout qu’il soit là mais Brooke, elle n’est vraiment pas certaine que cette idée de prétendre sortir ensemble soit une bonne idée (c’en est une terrible, en réalité, elle le sait bien) et elle finit par les sortir, les mots qui se sont plantés dans son crâne ; finit par se dérober à l’idée initiale même si elle n’est pas certaine que ça ait réellement été le plan initial, au final, parce qu’ils n’en ont pas assez parlé, parce qu’elle lui avait surtout proposé de juste venir, d’être là pour qu’elle n’ait pas besoin de voir une place vide à côté d’elle de partout où ils iraient, ses potes et elle, et que c’est lui qui a proposé de prétendre et qu’elle n’a pas dit non, mais elle n’a pas dit oui et ils sont restés sur cette incertitude à laquelle ils doivent trouver un terrain d’entente, là, maintenant, parce qu’ils n’ont plus tellement d’autres choix. Elle ne s’imagine pas, Brooke, que Ryland puisse en être affecté par ce changement de décision — ne se dit pas qu’il a envie de faire semblant et même plutôt que ça ne peut que lui convenir (il est celui qui a souligné que ce serait étrange si elle se souvient bien et si elle est tentée de vérifier sur son téléphone, prête à lui balancer cet argument ultime et clairement imparable, elle ne le fait pas). « Yeah, sure. I mean, I just… It’d feel weird, right? / Oui, bien sûr. Je veux dire… Ça ferait bizarre, pas vrai ? » Au moins pour elle, en tout cas, et plus elle y réfléchi, plus elle se dit qu’ils ne seraient pas crédibles plus d’une milliseconde — autant ne faire perdre de temps à personne, dans ce cas. Sauf que son corps agit en contradiction avec ses paroles (et pensées) et qu’elle se retrouve avec les doigts contre son blouson, à les regarder avant de lever les yeux, une lueur de pure panique au fond de ceux-ci, vers Ryland et de ne plus savoir quoi faire et elle voit l’amusement sur son visage et elle pourrait se vexer, Brooklyn, si elle n’était pas aussi gênée de la prise de décision et de mouvement de son bras. Elle lâche un rire nerveux, récupère son bras, sa main, qu’elle laisse tomber le long de son corps, change de sujet pour ne pas s’attarder sur cet instant de gêne, ne surtout pas l’évoquer à l’avenir. « Oh no, no, don’t worry about them. At least half of them didn’t say they were bringing they new significant other so they wouldn’t be able to say anything even if they wanted to. Plus, they keep sayin’ I shouldn’t stay alone and find someone so pretty sure they’ll be glad I finally followed they advice. / Oh non, non, t’inquiète pas pour eux. Au moins la moitié n’avait pas prévenu qu’ils allaient venir avec leur nouvelle moitié donc ils ne pourront pas faire de commentaire même s’ils le voulaient. Et puis, ils arrêtent pas de dire que je ne devrai pas rester seule et me trouver quelqu’un alors ils seront sans doute contents que j’ai suivi leur conseil. » Même si ce n’est pas exactement dans les mêmes circonstances, même si ce n’est pas une personne ramenée de la façon dont ils l’entendaient — eux, ces autres, ces Cupidons autoproclamés. « Ya think? / Tu crois ? » Le sarcasme qui lui échappe avant qu’elle ne lui adresse une grimace d’excuse et elle n’a pas le temps d’en faire davantage que le reste de la bande se poste devant eux. « So, hm. Guys, pals, this is Ryland, Ryland this is the group. There’s Rach and Connor, Eve and Agathe, Peter and Emily. / Donc, hm. Tout le monde, voici Ryland. Ryland voici la bande. Il y a Rach et Connor, Eve et Agathe, Peter et Emily. » Elle est tentée de s’applaudir, Brooke, d’avoir réussi à tout dire sans s’évanouir au milieu. « Nice to meet you, Ryland. We thought it could be great to start with some competition? To get to know you better so what do you say we make two teams like two bands and we participate to the music competition? / Enchanté de te rencontrer Ryland. On a pensé que ce serait sympa de commencer avec un peu de compétition ? Pour apprendre à te connaître un peu, alors qu’est-ce que vous dîtes si on fait deux équipes, deux groupes de musique, et qu’on participe au tournoi musical ? » Elle se pare d’un visage qu’elle espère pas trop plein de panique, Brooke, parce qu’elle en dit que c’est probablement la fin du monde qui s’annonce pour de vrai, cette fois et préfère lever un regard en direction de Ryland, de soulever les épaules et de lui refiler toute décision importante pour les prochaines secondes.

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Il a un sourire (compatissant, peut-être, il ne sait pas) pour Brooklyn alors qu'elle le rejoint, plus en détresse que lui, comme regrettant soudainement tous les choix qui l'ont menée à ce moment, et il ne peut l'en blâmer. Alors, bien sûr, ils sont loin d'une situation de vie ou de mort — en tout cas, il n'a pas reçu le mémo — mais se ridiculiser complètement devant ses potes a tout de même quelque chose d'un peu mortifiant. Et lui ? Lui ne les connaît pas, moins d'enjeux, cela dit la position de faux-petit-ami-découvert ne l'attire pas plus que cela. Et, pour une quelconque raison, il ne les imagine pas doués dans l'art de faire semblant. « Well, I mean... there's a reason we're not. I guess. I mean, we didn't... You know what I'm saying. / Oui, enfin... Il y a une raison pour laquelle on n'est pas ensemble. Je suppose. Je veux dire, on a pas... Tu sais ce que je veux dire. », conclut-il plutôt que de s'enfoncer en tentant d'expliquer ce qui a cloché lors de leur seul et unique rendez-vous, bien conscient qu'il serait capable de faire le détail de ce qui n'a pas été entre eux, et par extension chez elle, et bonjour la seconde journée gâchée. La bourde et le drame auraient au moins le mérite de lui faire échapper à tout le reste, mais il n'a aucune intention de blesser Brooke, ni de la laisser tomber. Et puis, il l'apprécie, tout de même, quelque part, d'une autre façon, et couper les ponts sur un mot de travers après une seconde rencontre maladroite et gênante ne lui dit rien. Pour la maladresse, pas besoin de se faire prier, elle y semble tout aussi sujette que lui, les doigts qui accrochent ses vêtements pour contrecarrer leurs nouveaux plans, un début d'intimité, proximité du moins, qui fait probablement hausser les sourcils de son groupe d'amis. Il ne regarde pas, se retient de regarder, baisse simplement les yeux sur elle et la laisse reprendre sa main, faire oublier son geste contradictoire. « Alright then, glad I can help. / Ca va alors, content de pouvoir t'aider. » Ne pas s'inquiéter pour eux reste une toute autre histoire, surtout à mesure qu'il les voit s'approcher, mais, maintenant qu'il s'est empêtré dans cette histoire, autant tenter d'y trouver un minimum d'amusement. Quelque chose lui dit que la source principale sera les réactions de Brooke, qu'il peut presque sentir se retenir de lui mettre un coup de coude, à ses côtés et à laquelle il adresse un sourire amusé, loin de mal prendre son ton. Les présentations commencent et il hésite, qui doit parler en premier, doit-il ajouter quelque chose ? — il a pourtant rencontré d'autres personnes avant ce jour, promis. Le stress, ou devrait-il dire la panique, de son acolyte semble contagieux et il est question de se concentrer pour ne pas démarrer du mauvais pied. « Hi, nice to meet you all. / Salut, ravi de tous vous rencontrer. » Et il répète mentalement, Rach et Connor, Eve et Agathe, Peter et Emily. Les visages mentalement associés aux prénoms, il sourit, et enfonce ses mains dans les poches de son jeans pour s'empêcher de faire un signe au six amis en guise de salut supplémentaire. « Yeah, thanks. You can call me Rye, by the way, if you want. / Merci. Vous pouvez m'appeler Rye, au fait, si vous voulez. » L'une de ses mains s'extirpe aussitôt de sa poche, vient frotter l'arrière de son crâne face à la suggestion qu'il commence seulement à enregistrer. « The music competition... / Le tournoi musical... » Il a un regard pour Brooke, incertain, comme pour tâter le terrain quant à ses talents musicaux, sa motivation pour cette fameuse compétition. Au lieu d'une réponse, il a droit à un regard et un haussement d'épaules qui lui annoncent que la décision lui revient. Pas que les choix soient particulièrement nombreux, et il ne se voit pas modifier les plans du groupe pour son bon plaisir alors qu'il n'était même pas supposé être là, il y a encore quelques heures. Ses yeux quittent Brooklyn, détaillent brièvement les six autres, et il se sent hocher la tête bien plus qu'il ne décide de le faire. « Yeah, alright, why not ? / Ouais, d'accord, pourquoi pas ? » Parce qu'il n'a aucune idée de par où commencer serait une bonne raison de se défiler, pourtant, et, à en croire les expressions qui passent sur les traits de sa voisine, elle n'est pas bien mieux lotie. Ils emboîtent pourtant le pas à leurs compagnons, qui chuchotent et discutent entre eux, ce qui laisse l'occasion à Ryland de jeter un regard à sa voisine. « Did you, like, lose the ability to function all of a sudden ? / Est-ce que tu as perdu toute capacité de fonctionner, d'un coup ? »  Le ton est un brin moqueur mais laisse tout de même paraître un véritable souci, à savoir qu'il ne devrait peut-être pas rester si elle risque de s'en trouver entravée toute la journée. « Do you sing or something, or is this a trap ? / Est-ce que tu chantes ou je sais pas, ou est-ce que c'est un piège ? »

Elle se vexe, Brooklyn. C’est presque plus fort qu’elle, les traits qui prennent vie et s’étirent alors qu’il parle, évoque (brièvement) ce date raté et la laisse sans voix. Elle a presque envie de lui rétorquer que oui, il y a une raison, qu’elle ne comprenait pas ses blagues, qu’ils n’ont rien en commun et n’avaient rien à se dire — mais elle sait qu’elle ne ferait que s’enfoncer, que c’est son égo qui se prend un coup au coeur alors elle ravale ses mots, se contente d’un regard un peu moins sympathique, un peu plus dur et plein de jugements avant qu’elle ne tente de forcer ses lèvres à s’étirer en un sourire qu’elle espère pas trop amer. « Yeah, there is. / Oui, c’est sûr. » Et elle devrait passer à autre chose, ne pas chercher à pousser le sujet plus loin mais elle s’y raccroche quelques secondes de plus et ça suffit à provoquer un torrent de questions sous son crâne. Est-ce qu’il le regrette, lui ? Est-ce qu’il y repense, au moins — ou y a repensé avant qu’elle ne l’invite à prétendre, à se joindre à eux pour la journée, ? Si oui, pourquoi n’a-t-il pas cherché à la contacter (aurait-elle seulement accepter de le revoir, d’accorder une seconde chance quand, clairement, cette première et unique fois leur a suffit à décider qu’ils étaient mieux en tant que connaissances, amis lointains) ? A moins qu’il n’ait attendu qu’elle fasse le premier pas, elle — elle se perd dans ses pensées, ses élucubrations farfelues, Brooke, et elle est maintenant encore moins certaine du bon fondé de son idée qu’il y a quelques minutes. Et si Ryland attendait (espérait) quelque chose, après tout ? Elle se promet d’éclaircir le mystère, au moins d’essayer, de remettre les choses à plat peut-être, selon l’issue de la journée ; et puis peut-être que ce ne sont rien, en fait, d’autres que des idées qu’elle se fait, portée par l’ambiance du festival, de cette seconde entrevue qui lui (leur) rappelle peut-être trop le date, des circonstances qui pourraient se confondre même si bien différentes, il plane toujours cette idée de quelque chose de plus creusé, d’une possibilité. Ils auraient dû mieux en discuter — elle aurait pu ne pas l’inviter au pied levé, aussi, deux heures à peine avant l’heure du rendez-vous donné et sans doute que ça aurait facilité les choses, oui, ou peut-être qu’ils auraient été incapables de se mettre d’accord. Ca leur aurait ressemblé, cette possibilité là, de vouloir planifier mais ne pas s’accorder, se contredire, chacun voulant camper sur ses positions ou avec sa vision du truc et peut-être est-ce mieux, finalement, qu’il n’ait rien prévu, préparé. Elle entame les présentations, Brooklyn et se tait finalement, mortifiée, le souffle retenu, l’envie d’appeler June à l’aide ou bien Caleb ou même de prétendre que son voisin a besoin qu’elle garde sa fille ou n’importe quoi, vraiment, qui puisse la tirer de ce mauvais pas dans lequel elle s’est embourbée. Elle laisse Ryland prendre la parole, les mots être échangés et elle enfonce la tête dans les épaules, voudrait pouvoir disparaitre et ne pas sentir le regard de Rach et Eve se poser sur elle comme pour essayer de lui signifier leur validation sur son choix de gars (ou l’inverse, elle n’en sait rien parce qu’elle détourne ostensiblement le regard, Brooklyn, qu’elle préfère poser partout mais pas sur ses potes). Elle tique à la mention du surnom (sérieusement ?), essaie de masquer cette surprise, note mentalement de devoir l’utiliser pour paraître plus crédible (au moins s’ils veulent se faire passer pour amis). Rye, Rye. Elle peut le faire, qu’elle essaie de se convaincre mentalement. Et si elle entend bien l’idée de la compétition musicale, elle n’y prête pas attention — n’y réfléchit pas plus que ça, en réalité, trouve l’idée amusante sans penser aux conséquences que ça pourrait entraîner. Elle laisse à Ryland les cartes, choisir si ça le tente ou s’il préfère plutôt se promener au milieu des défilés. La bande pousse des exclamations bienheureuses à la réponse donnée, tourne les talons la première et Brooklyn, elle suit le mouvement. « Uh? What? No, I still, I - Why would you… Think that? / Hein ? Quoi ? Non, je - pourquoi est-ce que tu… Penses ça ? » Elle voudrait lui dire qu’elle essaie de réfléchir à un plan, à quelque chose qui pourrait les tirer de ce pétrin dans lequel elle les a fourré (elle lui doit bien ça, un sauvetage express), qu’elle essayait de retenir son foutu surnom, aussi, mais elle préfère froncer les sourcils avant que ses traits ne deviennent plus horrifiés. Car il a raison, Rye, c’est un piège dans lequel ils s’enfoncent là, tout de suite. « I don’t even sing in my shower! / Je ne chante même pas sous la douche ! » En tout cas, pas quand les colocataires sont présents, à peine davantage quand elle est complètement seule à la maison. « Okay, we need to be in Eve and Agathe’s team. Agathe can sing. I mean, I guess she can, she has that face that says I have all the talent and you have none please hate me. / Ok, il faut qu’on soit dans l’équipe d’Eve et Agathe. Agathe sait chanter. Enfin, je pense qu’elle sait, elle a cette tête qui dit j’ai plein de talents et tu n’en as aucun, déteste-moi. » Elle roule des yeux — et puis, elle connait les goûts d’Eve, surtout, connait suffisamment sa pote pour savoir qu’elle ne choisit que des personnes dotées de plus d’un talent et la chanson y est en tête de liste. « You know what, I’m gonna bribe them to make sure we’re in the same band. Wait here. Well, not don’t wait here keep going. / Tu sais quoi, je vais aller les soudoyer pour m’assurer qu’on soit dans le même groupe. Attends ici. Enfin, non, n’attends pas, continue d’avancer. » Un geste de la main pour finalement lui signifier de faire comme il le sent et elle presse le pas, Brooklyn, rejoint le couple avec un sourire, échange quelques mots avant de perdre de sa superbe et de se renfrogner et de retourner auprès de Ryland. « They want to be paired up with Peter and Emily. But you can sing, right? / Elles veulent faire équipe avec Peter et Emily. Mais tu sais chanter, pas vrai ? » Dans ses yeux, une petite lueur d’espoir avant qu’elle n’ouvre de nouveau la bouche. « There’s no way I’m singing. I’ll play the drums or anything else but really, no way I’m singing out there. And Connor sounds awful when singing so you don’t him to sing neither. / Pas moyen que je chante. Je vais faire la batterie ou n’importe quoi mais vraiment, il n’y a pas moyen pour que je chante là-bas. Et Connor sonne très faux quand il s’y essaie donc tu ne veux pas plus qu’il chante. » Et puis ça changerait, non, une femme à la batterie et un homme au chant ? Ca ne pourra que leur accorder des points, ça.

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Il hésite à se rattraper, tenter, reprendre pour expliquer ce qu'il a voulu dire (quoi qu'il ait voulu dire), mais c'est déjà trop tard pour ravaler ses mots et, à en croire l'expression qu'affiche fugacement Brooke, empêcher le moindre dégât. Il vaut sans doute mieux qu'il se taise, laisse oublier sa maladresse si tant est qu'elle puisse encore disparaître de leurs archives communes. Ce n'est pas comme s'il s'était véritablement passé quelque chose de grave lors de leur premier et unique rendez-vous, une simple histoire d'incompatibilité, du moins de son point de vue. Et, à en croire ce début de conversation maladroite, ce n'était probablement pas qu'une impression. Sa réponse ne laisse pas beaucoup de place à la réplique et il se retient de demander ce qu'elle en a pensé, elle. Quelle raison elle imagine, ce qui lui donne raison, exactement. Ce n'était qu'une soirée, n'est-ce pas ? Ca ne veut pas dire qu'ils sont mauvais, incapables de traverser un date sans repousser leurs prétendants. Il pourrait même prétendre qu'il en a la preuve — Eden — mais celle-ci semble plutôt maigre, ces derniers temps. Et puis ils se sont quand même plu, un peu, au début, assez pour se rencontrer. Assez pour encore se parler, ne serait-ce que sporadiquement, et accepter de se voir aujourd'hui. Tout n'a pas pu être si mauvais, et Brooke doit le savoir. Mais ça n'a pas d'importance, évidemment, ça ne peut pas en avoir, il y a Eden, et lui n'est là que pour rendre service. Pas besoin de se faire passer pour ce qu'ils ne sont pas, pas besoin de remettre les choses en question. Pas le temps, vraiment, non plus, alors que les amis de Brooklyn attendent, et qu'ils finissent par se rejoindre. Lorsque c'est à lui de prendre le relais, sa langue est sèche, son cerveau lagge, il s'entend cependant se présenter, sans trop de difficulté, les mots logiques, la marche à suivre habituelle — on ne lui demande pas grand chose. La partie sur leur activité imminente s'avère plus délicate, et sans doute aurait-il dû rassembler le courage de dire non, creuser pour proposer autre chose (n'importe quoi) mais, sans l'appui d'une Brooke ayant déconnecté ou surchauffé, il se retrouve à accepter. Politesse, un vrai problème dans le cas présent. Pas qu'il soit particulièrement gêné par l'idée, mais prétendre savoir faire de la musique avec une bande d'inconnus a quelque chose de moins rassurant qu'avec, disons, ses propres potes. Il ne peut pas non plus dire que Brooke soit suffisamment proche pour accéder à ce niveau d'aisance (mais, d'après ce qu'il a compris, il s'est déjà pas mal ridiculisé devant elle, alors…). Au moins, lesdits inconnus se trouvent satisfaits de la réponse, et il retrouve brièvement la seule compagnie de celle qui s'avère être la raison de sa venue. Et de son début d'angoisse. « No, no, nothing. You just seemed a little... stressed. Regretting yet ? / Non, non, rien. Tu avais juste l'air un peu... stressée. Tu regrettes déjà ? » Il ne pourrait pas lui en vouloir. A vrai dire, il devrait peut-être justement lui en vouloir de l'avoir invité, et attendre qu'elle le congédie. Mais une partie de lui a désormais envie de voir à quoi ressemble la suite de la journée. Et leur futur groupe amateur. « Oh come on, not even in the shower, really ? / Oh allez, même pas sous la douche, vraiment ? » Il n'est pas lui-même le plus fervent chanteur de salle de bain, mais tout de même, il fredonne au moins ce qui lui passe par la tête. Lui chante plus souvent au volant, cela dit, ça occupe. « Ah, she's one of those. Nice, not intimidating at all. / Ah, c'est une de ceux-là. Super, pas intimidant du tout. » Quoique, s'ils parviennent à faire équipe avec l'apparemment parfaite Agathe, il ne devrait pas avoir grand chose à faire. « Copy that / Bien reçu », commente-t-il en imitant un salut militaire, amusé par la façon qu'elle a de présenter les choses. Il continue donc bel et bien d'avancer, mains au fond de ses poches et le regard scrutant l'interaction avec l'espoir que l'équipe se forme sans encombre. A en croire son air alors qu'elle revient à son niveau, quelque chose a cloché. Peut-être n'a-t-il pas prié assez. Il ouvre la bouche pour demander, la referme, l'ouvre pour répondre et la referme à nouveau alors qu'une question clôture la phrase de Brooke. S'il sait chanter ? Pourquoi devrait-il chanter ? Il a envie de lui dire qu'ils peuvent très bien faire un groupe d'instrumentale, ça doit bien compter pour quelque chose, mais son regard presque optimiste l'en dissuade. « I mean I can... try ? I'm not off-key or anything, I think, so there's that going for us. / Je suppose que je peux... essayer ? Je ne chante pas faux ni rien, je crois, donc c'est déjà ça. » Il est visiblement établi qu'elle ne chantera pas, et si Connor est à ce point mauvais, peut-être est-il bien leur seule option. Rien de mieux pour briser la glace que de chanter pour des gens qu'il connaît depuis cinq minutes. « Can you play the drums ? / Tu sais jouer de la batterie ? », s'enquiert-il. Entre un chanteur très amateur et une batteuse de dernière minute, il n'est pas sûr d'où tout ça va. « But yeah, yeah, alright, I guess I'll sing. What are we supposed to play, though ? / Mais ouais, ouais, d'accord, je suppose que je chanterai. On est censés jouer quoi, par contre ? » C'est qu'il ne retient pas forcément les paroles, et a plutôt tendance à en inventer de plus ou moins ressemblantes (souvent moins). Mais il se voit moins encore inventer de lui-même des paroles, ou une mélodie, ou quoi que ce soit. « This is an intense way of meeting somebody, do they realise that ? / C'est une façon intense de rencontrer quelqu'un, ils s'en rendent compte ? », plaisante-t-il alors qu'ils parviennent au niveau de cette fameuse compétition, et que les équipes formées un peu par dépit s'inscrivent l'une après l'autre pour se répartir ensuite sous la tente.

Regrette-t-elle ? Carrément ! Le regrettait-elle déjà avant qu’il n’arrive ? Oui. Hésite-t-elle sérieusement à se carapater à la vitesse de l’éclair (et tant pis pour Ryland, c’est un grand garçon, il saura se débrouiller seul pour s’enfuir s’il ne veut vraiment pas subir le reste de la bande) ? Oui aussi. Oui encore. Oui à tout, semble-t-il, parce que Brooklyn, elle en est encore à se demander ce qui lui est passé par la tête quand elle a contacté Ryland pour qu’il les rejoigne. L’envie de ne pas être seule au milieu des couples oui, certes, mais est-ce suffisant ? Elle a survécu jusque-là, elle aurait sûrement survécu une journée supplémentaire — et quand bien même n’aurait-elle pas survécu, ce n’aurait sûrement pas été très grave, elle aurait sans doute pu s’en remettre ou trouver une excuse, un mal de tête, un mal de ventre, un mal de pied ou de langue ou de n’importe quoi pour ne pas venir, rester au fond de son lit et bouquiner ou flâner sur internet avant d’organiser quelque chose avec ses colocataires. Après tout, ils doivent encore terminer les petits travaux dans la maison, ils n’auraient pas eu le temps de s’ennuyer. Mais est-elle pour autant prête à admettre ses regrets à Rye ? Hmm. La délibération n’est pas encore terminée, le jury toujours en train d’argumenter pour ou contre et Brooke, elle sait bien qu’elle s’est déconnectée de la conversation, de ce qu’il se passe mais qu’importe ? Elle a le coeur qui s’étreigne et se serre et panique et quand elle s’ébroue finalement, la gorge serrée et sèche, elle force un sourire. « Nope. You ? / Non. Et toi ? » Trop de fierté, peut-être, pour admettre son regret alors, incapable de perdre cette bataille-là même si elle n’existe que dans son imaginaire — c’est que leur date a déjà été planté, elle ne compte pas faire la même erreur (et d’ailleurs, elle ne la refera pas puisque cette fois-ci, ce n’est pas un date, juste une sortie entre amis (presque amis, quasiment amis, quelque chose qui serait dans ce goût-là, en tout cas)), pas trouver la première issue pour fuir et l’humour qu’elle ne comprend pas et le malaise et la déception de l’échec. Sa tête se secoue plutôt. « I’m a real bad singer. Like… You can’t even try to imagine how bad I sing so trust me, even in the shower it would probably kill someone in the entire world. / Je suis vraiment une mauvaise chanteuse. Genre… Tu peux même pas essayer d’imaginer combien je chante mal donc crois-moi, même dans la douche ça tuerait probablement quelqu’un dans le monde. » Le chant est loin d’être apaisant pour elle, plutôt même l’effet inverse. De quoi percer la bulle de quiétude dans laquelle elle pourrait se plonger (si tant est que ça lui est possible hors boulot). « Well, I don’t know for sure since, you know, I’ve known her for like a day or something like that but just look at her! She has the perfect facial bone structure so yeah, she probably has like a hundred hidden talent and knows it. Ew. / Eh bien, je n’en suis pas sûre parce que, tu sais, je la connais depuis genre un jour ou un truc du genre mais juste regarde-la ! Elle a une structure faciale parfaite alors ouais, elle a probablement une centaine de talents cachés et le sait. Yerk. » Et elle n’est pas jalouse, Brooke, pas du tout — elle aurait juste préféré que la répartition des talents soit fait de façon un peu plus juste (notamment de lui en laisser un, juste un seul, elle ne demande quand même pas la lune, Brooklyn). Et puisqu’il est question du duo de femmes, elle en vient à penser qu’elle peut directement aller leur demander de former une équipe et puis comme ça, ça équilibrerait les groupes, d’ailleurs (parce qu’elle sait que Peter sait jouer du saxophone ou du trombone ou un truc dans lequel il est forcé de souffler et Emily a une jolie voix quand elle fait les choeurs sur les karaokes) — son idée tombe rapidement à l’eau et elle marmonne entre ses dents, Brooke, pourrait les maudire tous sur six générations si ce n’avait pas été ses potes depuis des années. Elle change alors de tactique, Brooklyn, redevient organisée tandis que son coeur s’accélère à mesure qu’ils s’approchent du concours. Et quand Ryland confirme qu’il ne chante pas mal, elle prend ça pour une victoire assurée, elle, parce que si pas faux ne veut pas dire bien, c’est déjà toujours mieux que les prestations que Connor et elle pourraient donner. « Yes, exactly, I like you enthusiasm! Keep going! / Oui, exactement, j’aime ton optimisme, continue ! » Ce n’est pas qu’elle lui laissera le choix, de toute façon. « I’ve never tried but it can’t be that hard, right? You take the sticks and you hit the… Things you have to hit, easy peasy. / J’ai jamais essayé mais ça peut pas être compliqué, pas vrai ? Tu prends les bâtons et tu frappes les… Choses que tu dois frapper, les doigts dans le nez. » L’excès d’optimisme exagéré accompagné d’un petit haussement d’épaule négligeant et elle pourrait presque donner l’illusion de ne pas être mortifiée au fond d’elle. « Oh, er, good question. Guess we’ll have to find something we all know. Unless we make something up? / Oh, euh, bonne question. Je suppose qu’on va devoir trouver quelque chose qu’on connait tous. A moins qu’on n’invente quelque chose ? » Mais elle n’est pas certaine que ce soit une bonne idée, les sourcils froncés et elle met l’idée de côté, verra plutôt avec Connor et Rach le moment venu. Désignée pour les inscrire, elle s’approche du formulaire avant de se figer. « Crap, we need a band name. Ideas? / Mince, on a besoin d’un nom de groupe. Des idées ? » Son regard passe sur ses potes, Connor proposant de dérober celui des Red Hot avant de suggérer de changer la couleur du piment pour ne pas se faire accuser de plagiat, Rach interroge la nature du groupe — parce que pas possible de nommer de la même façon un groupe de rock et un groupe de jazz bien évidemment alors elle tourne les yeux en direction de Ryland, Brooklyn. « Rye, please, tell me you got something better or I’ll write down Green Hot Chili Peppers. / Rye, s’il-te-plaît, dis-moi que t’as quelque chose de mieux ou je vais devoir écrire Green Hot Chili Peppers. » Et il n’y a pas besoin d’être un génie ou extralucide pour s’apercevoir que l’idée ne lui plait pas (non pas qu’elle n’aime pas le groupe d’origine, mais justement : elle les apprécie trop pour les plagier aussi mal). « The Four… Something, maybe? / Les Quatre… Quelque chose, peut-être ? » Qu’elle tente de proposer avec une grimace. Et une fois le nom trouvé et inscrit, ils rejoignent la tente ou chacun est invité à choisir son instrument et à se mettre dans un coin d’où ils peuvent apercevoir les autres participants avant que ce ne soit leur tour. Et Brooklyn, elle se concentre sur sa respiration pour ne pas défaillir. Inspirer, expirer. Inspirer, expirer. « Such a bad idea. / Quelle mauvaise idée, » qu’elle souffle entre ses lèvres avant d’attraper le bras de Ryland une nouvelle fois, pour attirer son attention. « If I pass out please don’t try to wake me up okay? I’m pretty sure I’d rather die than go on stage. / Si je m’évanouie, n’essaie pas de me réveiller, d’accord ? Quasi sûre que je préfère mourir plutôt que d’aller sur scène. » Sans exagérer, bien évidemment.

looking for affection in all the wrong places
┊@brooklyn prentiss

Peut-être faudrait-il espérer une averse conséquente, de quoi faire fermer la viking fest pour la journée avant qu'il ne soit trop tard et libérant ainsi Brooklyn et Ryland de leurs obligations du jour — quoiqu'obligation soit peut-être un grand mot mais, pour l'heure, c'est un peu le sentiment. Le ciel demeure cependant ensoleillé, sourd aux demandes muettes du blond, au plus grand plaisir du reste des festivaliers (mais peut-être la pluie viendra-t-il dès qu'ils se mettront à jouer). Il peut voir venir d'ici la catastrophe, une après-midi supposément apaisante et joyeuse tournant au concours, et donc au stress, et probablement au ridicule aussi. Bye bye quiétude et sérénité — quoi que celles-ci se soient déjà envolées en découvrant la bande d'amis de Brooklyn. Il n'est pourtant pas grand anxieux, du moins pas en société, mais le besoin d'être apprécié est toujours là pour ronger sa confiance en lui. Et puis, il est là pour Brooke, en il ne sait exactement quelle capacité aux yeux du reste du groupe, il ne manquerait plus qu'il répercute une image  douteuse sur elle alors qu'il est là pour... pour quoi, exactement ? Seulement lui tenir compagnie, ou la mettre en valeur d'une quelconque façon ? Il n'est pas certain de comment il y parviendrait, peinant déjà à obtenir cet effet pour lui-même. « No, I'm good. / Non, ça va. » C'est un petit mensonge, prononcé en haussant les épaules, à peu près certain que la réponse de la jeune femme est tout aussi fausse. De toutes manières, quelle serait l'utilité d'avouer maintenant qu'il préfèrerait être chez lui (ou n'importe où), il ne va pas l'abandonner après avoir accepté de participer au concours, ce n'est donc pas la peine de potentiellement la faire se sentir coupable de l'avoir invité dans ce qui ressemble presque à un piège. Il retrouve néanmoins le sourire lorsqu'elle lui affirme être très mauvaise chanteuse, et il lève les mains comme pour montrer qu'il la croit sur parole, tout en se mordant l'intérieur de la joue afin de ne pas rire. « That's serious that, killing-singing-voice. Guess you're stuck with an instrument then. / C'est quelque chose, une voix qui tue. Je suppose que tu es coincée avec un instrument, alors. » Il n'est pas exactement le meilleur chanteur, mais il n'a jamais tué personne au karaoké, n'a même vu personne se boucher les oreilles quand il chante, il semblerait donc qu'il demeure une meilleure option qu'elle. Il regarde Brooke qui étend ses observations quant à la perfection de la fameuse Agathe, le sourire dansant toujours sur ses traits, puis jette un coup d'œil à la concernée, tentant peut-être de discerner les talents supposément cachés derrière ce visage. Il ne s'attarde pas, moins convaincu que son acolyte. Au final, il n'est plus vraiment question de faire équipe avec la personne la plus susceptible de les faire gagner, les équipes déjà choisies. « Hey, at least, if we lose, it's not our faults, but nature's for giving all the talents to her. / Hey, au moins, si on perd, ce ne sera pas de nos fautes, mais celle de la nature qui lui a donné tous les talents. » On se console comme on peut. Cela dit, il ne s'avoue pas déjà vaincu, Rye, laissant entendre qu'il se débrouille en chant, ce qui paraît lénifier les angoisses de Brooklyn. Les siennes, par contre, augmentent considérablement, mais il tente de se convaincre qu'il n'aura pas à revoir ces gens après leur performance, se laissant momentanément oublier que Brevik n'est pas très vaste. « At least one of us is confident. / Il y a au moins un de nous deux qui a confiance. », commente-t-il pour lui-même tandis que Brooke lui assure que, pour la batterie, il suffit de taper en rythme. Mais ce qui l'inquiète plus encore, et spécifiquement en tant que chanteur désigné, c'est le choix de répertoire. « Yeaaah, I'm not capable of coming up with lyrics on stage Brooke, I can barely remember real ones. / Ouaiiis, je suis incapable d'inventer des paroles sur scène, Brooke, je parviens à peine à me souvenir de vraies paroles. » Il se rend compte que la suggestion était lancée comme, mais préfère clairement préciser que chanteur ne va pas de pair avec parolier, auteur et compositeur. Vient ensuite la question d'un nom de groupe (les embûches ne s'arrêtent elles donc jamais ?) et il ne s'attend pas le moins du monde à être consulté, l'esprit vide d'idées, quand son prénom résonne à ses oreilles. Il secoue la tête, les lèvres qui s'entrouvrent une ou deux fois sans produire de son et le regard qui voudrait demander à la brune de ne pas le mêler à cela. Les trois paires d'yeux sont pourtant rivés sur lui et il se retient de hausser les épaules. « Wait, something with our names maybe... What is it, B, C, and two Rs. Maybe two letters, br co ra, braco ? Cobra ! / Attendez, peut-être quelque chose avec nos prénoms... Qu'est-ce qu'on a: B, C, et deux R. Peut-être avec deux lettres, br co ra, braco ? Cobra ! » La trouvaille lui fait hausser le ton plus parce qu'il existe un mot cohérent avec ces lettres que par réelle affinité pour ce nom. « But then there's me, I don't know, Ry, rhyme, rythm ? That sounds stupid, does it sound stupid ? Cobra Rhyme, Cobra Rythm ? That's all I got. Maybe if we slap a "the" before it won't sound too bad. / Mais il y a aussi moi, je ne sais pas, Ry, rime, rythme ? Ca sonne bête, est-ce que ça sonne bête ? Cobra Rhyme, Rythm ? C'est tout ce que j'ai. Peut-être que si on met un "the" devant ça ne sonnera pas trop mal. » Il baisse le regard sur Brooke, la laissant décider de ce qu'elle préfère entre ses inventions de dernière minute ou le semi-plagiat d'un groupe dont ils ne feront que ternir le nom. A ses yeux, ils seront de toutes manières ridicules, ça n'a plus d'importance. Ils s'inscrivent donc et, tête basse, Rye, il suit les trois autres en direction d'un coin où ils ont à peine le temps de répéter et se concerter. Elle n'est plus aussi sûre d'elle, si elle l'a jamais vraiment été, Brooke, et il se rapproche un peu pour répondre à ses murmures.  « Told you / Je te l'avais dit », plaisante-t-il en lui poussant légèrement l'épaule. A vrai dire, maintenant qu'ils y sont, Ryland, il se sent moins stressé, un peu comme si c'était inévitable et, plus tôt ce sera fait, plus tôt il sera tranquille. Ce n'est qu'une chanson. Rien qu'une chanson, comme le karaoké, facile. « Oh, of course, I'm gonna let my date die without blinking, would love that reputation. / Oh, bien sûr, je vais laisser mon rencard mourir sans rien faire, j'adorerais cette réputation. » Il ne prend conscience du terme employé qu'à la fin de sa phrase et se demande s'il doit préciser sa pensée, pas qu'il s'imagine que ce soit un rencard-rencard, mais c'est le terme approprié, non ? Il préfère enchaîner rapidement après un blanc qui lui semble mal à l'aise. « Just to say, you know, you'll be fine. People don't pay much attention to the band members, no ? / Je veux dire, tu sais, ça ira. Les gens ne font pas vraiment attention aux membres du groupe, non ? » Est-ce mieux ou pire ? Un peu brutal, peut-être, rude. Tais-toi, Rye. Idée de génie suivante, il se penche vers les deux autres pour parler logistique: « Alright, listen, I don't know many songs by heart but I can more or less do recent ones we hear on the radio, or like Nirvana stuff but I'm not sure I've got the range.  / Bon, écoutez, je ne connais pas beaucoup de chansons par coeur mais je peux plus ou moins en chanter une récente qu'on entend à la radio, ou bien du Nirvana mais je ne suis pas sûr d'avoir la voix. » Ils ont décidé de s'en prendre aux groupes de rock mythiques, aujourd'hui.

Elle ne sait pas ce qui est le pire, Brooke, que Ryland semble effectivement bien vivre cette journée (à peine débutée, qui plus est) ou qu'il ne réclame même pas de démonstration sur ses non talents de chanteuse quand elle est mortifiée par tout ce qui se déroule, tout ce qu'elle sait être à venir et ce, bien qu'elle ne sache pas encore exactement ce qui est à venir. Le pire, sûrement, qu'elle assume sans difficulté puisque le tout débute avec ce qu'il y a déjà de plus tortureux dans le genre. Elle en vient à se demander pourquoi elle a accepté de revenir, Brooklyn, parce que c'est bien vrai, ils ont déjà bien profité les jours précédents, il n'y a sûrement pas besoin de vouloir pousser l'amusement plus loin encore, deux jours c'est déjà bien, c'est déjà suffisant, n'est-ce pas ? Sauf qu'il y a Ryland, maintenant, qu'elle a impliqué et qu'elle ne peut pas laisser tomber (enfin, si, elle le pourrait, mais elle est trop bien élevée, Brooke et aujourd'hui, cette éducation trop sage la dérange vraiment beaucoup) même s'il ne paraît pas inquiet le moins du monde. Peut-être même aime-t-il ça, lui, elle n'en serait pas surprise, Brooke, ça irait avec le personnage. Ce serait très in-character pour lui et son humour douteux (pas drôle voudrait-elle penser mais elle a toutefois conscience d'être parfois un peu trop sérieuse) ou peut-être est-il un pro des karaokes et n'attendait-il que l'opportunité de dévoiler ses talents musicaux dans l'espoir de devenir une grande star. Elle lui jette un regard en biais, voudrait pouffer de cette simple hypothèse (si elle veut bien croire qu'il ne chante pas mal elle ne parvient pas à l'imaginer en tant que célébrité et préfère même ne pas avoir à le faire) et lui est plutôt reconnaissante de son optimisme. L'excuse lui convient et lui conviendra d'autant plus quand ils auront perdu : ils n'avaient aucune chance, ce n'était pas un concours loyal, les équipes auraient dû être équilibrées, point. Tant pis si ça encourage sa mauvaise foi à se manifester, elle se rattrapera le lendemain, quand elle répondra au téléphone pour essayer de porter secours à ceux qui le nécessitent. Avec cette nouvelle pensée en tête, il lui semble donc peu important qu'elle sache ou non jouer de la batterie : elle sait viser et taper sur quelque chose, c'est déjà bien, non ?
L'enthousiasme retombe néanmoins quand il devient question de la chanson et plus précisément des paroles car si elle ne lui en veut guère de ne pas savoir en inventer au fil de l'eau, elle est également moins rassurée d'apprendre qu'il ne retient pas davantage celles écrites par d'autres. « What? You're serious? You're not gonna sing some gibberish, are you? / Quoi ? T'es sérieux ? Tu vas pas chanter du yaourt quand même ? » L'inquiétude retrouver, la peur de perdre en crédibilité quand bien même elle n'en aurait pas beaucoup vu ce qui lui est demandé. Elle n'en a déjà d'ailleurs aucune quand il est question du nom de groupe à noter sur la fiche d'inscription et elle lance des regards de détresse à chacun des membres du groupe improvisé. C'est en direction de Rye qu'elle le porte en dernier, l'ultime recours, lui qui possède un humour décapant devrait pouvoir trouver un petit nom de rien du tout. Et s'il a d'abord l'air complètement paniqué, il ne tarde pas à lui prouver qu'elle a bien fait de faire appel à lui. Elle ignore bien d'où il peut sortir cette idée farfelue, ni comment il en est venu à trouver un nom cohérent et existant, mais elle se garde de poser la question, trop heureuse de ne pas avoir à malmener l'un de ses groupes préférés. Et une fois lancé, il n'est plus possible de l'arrêter et Brooke, elle claque des mains, s'approche d'un pas comme pour l'enlacer avant de se retenir et de lui donner une tape amicale sur l'épaule. « Nicely done. / Bien joué. » Elle s'incline dans son esprit (pas prête de le faire dans la réalité, il ne faut pas pousser le bouchon). Elle s'applique pour noter The Cobra Rythm, se demander au passage si les cobras ont un sens du rythme ou non, si ça peut passer pour un clin d'oeil intelligent, donner l'illusion qu'ils s'y connaissent au moins sur un domaine (elle décide que oui, Brooke). Rassemblement de groupe et elle doit faire des efforts pour ne pas défaillir, rester debout, respirer correctement (comment on fait, déjà ?), garder un semblant de contrôle sur ses jambes flageolantes. Elle inspire, avertit Ryland de ne pas chercher à la réanimer en cas de besoin, ce serait inutile et puis, elle morte, ils auraient une bonne excuse pour ne pas participer. Elle perçoit l'ironie dans la voix de Rye mais tique davantage au mot employé et elle a son cœur qui rate un battement, s'affole et bat, bat, bat si fort, dans sa poitrine qu'elle le sent prêt à se carapater. Sa gorge s'assèche et ses mains se font moites, elle l'observe et choisit de faire comme si elle n'avait pas entendu avant de s'inquiéter — et s'il prenait son manque de réaction comme un signe qu'elle ne relève pas parce que ça ne la dérangerait pas ? Parce que ça la dérange, bien sûr. Un rencard, ils en ont déjà eu un et ça n'a rien donné de bon, alors un second, dans de telles circonstances, ça ne peut qu'empirer la relation qui s'installe petit à petit. Et puis, les autres ont-ils entendu ? Connor oui, semble-t-il, puisqu'il la regarde avec un sourire en coin et elle ne peut que le fusiller de ses yeux bleus pour qu'il la boucle. Elle sait que ce sera peine perdue, qu'elle recevra au moins un texto, au pire qu'il s'empressera de le souffler à Rachel puis les autres sitôt qu'il en aura l'occasion. Son cerveau tourne, à Brooke, déjà proche de la surchauffe, mais Ryland reprend et elle a l'occasion de se focus sur autre chose. « Well that depends, Ringo did get some attention, didn't he? / Eh bien, ça dépend, Ringo a bien eu droit à un peu d'attention, pas vrai ? » C'est ce qu'elle assume, en tout cas, parce qu'elle ignore bien la position des membres des Beatles et de l'attention qu'ils ont pu avoir (si elle connait quelques uns de leurs titres, elle ne s'est jamais intéressée à leurs membres plus que ça... Ou même à leur histoire, d'une façon plus générale). « A recent one seems fine. / Une récente me paraît bien. » Elle aura au moins la certitude de l'avoir sans doute déjà entendu et donc, de pouvoir prétendre suivre le rythme imposé. Le couple qui leur fait face ne tarde pas à donner son opinion et suggère One Republic ou Imagine Dragon et elle laisse Ryland trancher selon laquelle il se sent de chanter (sans inverser les paroles, cela va de soi).
Un membre de l'organisation s'approche pour leur annoncer que le concours débute et qu'ils ont dix minutes pour répéter avant de monter sur scène — en troisième position et avant le groupe composé du reste de la bande. Brooklyn elle s'installe à la batterie, donne deux coups qui la font sursauter et décide de s'arrêter ici : elle fera le strict minimum demandé par la mélodie pour paraître presque en rythme et ça ira bien (non, ça ira mal mais elle n'y pourra rien, la prochaine fois, elle les traînera à un concours de tricot). Les minutes passent et ils obtiennent au moins un début de chanson quasiment cohérent à l'aide des téléphones pour écouter la mélodie et trouver ce qui doit être des partitions (ou pour elle, une vidéo qui lui permet de voir exactement quels gestes faire).
«  (...) The Cobra Rythm! » Il lui faut trois secondes pour réaliser que c'est d'eux dont il s'agit et, les pieds lours, elle s'efforce d'avancer, se dissimulant à moitié derrière la haute taille de Ryland. Elle lui attrape d'ailleurs un bout de t-shirt quand les projecteurs de la scène l'aveugle et ne le relâche que pour s'asseoir derrière son instrument. Allez, jouer une minute d'une chanson qui en fait quatre, ça doit être faisable (parce que les trois suivantes, elle se contentera de faire semblant). Les cris des spectateurs se taisent et c'est à eux de jouer.