there will always be family

there will always be family w/  @Enid Ollingsen

Ce temps. Ensoleillé. Apaisant. Pilote courait devant, profitant de l'air pur et de la nature. Jakob le suivait, les mains dans les poches, un sac à dos sur les épaules. Il chercha du regard un endroit pour se poser. Un petit étang semblait l'attendre. Il siffla son chien qui s'approcha aussitôt, les oreilles à l'affût, la queue battante. « Ici, Pilote. » Lança le marin qui fit s'asseoir son border collie à cette simple information. Soupir. Il était heureux et en même temps nerveux. Il ne savait pas trop à quoi s'attendre de la part de sa cousine. Bien qu'elle semblait emballé par l'idée d'un pique nique avec ce dernier, il savait qu'ils avaient beaucoup de choses à se dire. Et Enid était parfois un peu catégorique sur sa façon de voir les choses. Il fallait souvent adoucir les angles avec la jeune femme. Mais il était prêt à présent. Prêt à faire face à sa famille. A expliquer son départ, à retrouver contact. Il était temps. Jakob posa son sac à dos au sol. Il l'ouvrit et en sorti un espèce de drap qui déplia sur le sol. Il sortit ensuite une bière, des chips et des légumes crus. Carottes, tomates, chou fleurs faisaient maintenant parti du tableau. Ajoutant des sauces, il finit par s'asseoir et Pilote vint accueillir son maître au sol par une léchouille. Le capitaine sourit et enlaça son chien. Il se dit que les animaux étaient bien les seuls à être fidèle d'une certaine façon. Même lui, qui se targuait d'être toujours présent pour sa famille, avait fini par prendre le large. Mais parfois il faut prendre du recule pour guérir. Et c'était devenu indispensable pour le capitaine. Il avait loupé nombres d'anniversaires et de fêtes. Il avait laissé une famille qui avait continuer à vivre sans lui. Normal après tout. Il avait juste envie de reprendre le cours de leur vie pour à son tour profiter de leur bonheur. Soudain Pilote se détacha de son maître, dressant les oreilles, à l'affut. Elle était là. La cousine. Tout sourire. Jakob se redressa pour l'accueillir chaleureusement. « Salut toi ! » Lança-t-il en l'enlaçant affectueusement.

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Tellement longtemps. Tellement longtemps ! Enid était si excitée à l'idée de revoir son cousin qu'elle en avait perdu la capacité de compter avec précision les mois qui les avaient séparés. Tout ce qu'elle savait, et qui importait, c'était qu'elle ne l'avait pas vu depuis très longtemps et qu'il lui manquait terriblement. Et qu'ils avaient plein de choses à se raconter ! Du moins, c'était le cas d'Enid qui monopoliserait la parole sans nul doute pendant un bon moment. C'était donc toute guillerette que la jeune femme avait pris l’un des chemins du parc St Olaf en compagnie de son Oogie adoré mais surtout avec de quoi grignoter dans son sac à dos pour compléter le déjeuner en plein air. Hors de question d'oublier un bon dessert !

Quelques minutes plus tard, alors qu’elle s’approchait du petit étang transformé en lieu de rendez-vous, Enid entendit du bruit. Elle n’était donc pas seule. Mais, pas d’inquiétude ! Ce devait être Jakob, si bien qu’elle accéléra le pas et reconnut rapidement sa silhouette. « Jakob !! » Signe de main quasi frénétique pour le saluer. Un large sourire au visage, elle s’avança pour l’enlacer chaleureusement. Avant de devoir se détacher de son cousin à cause d’Oogie, un peu trop impatient de faire la connaissance de son nouveau copain Pilote. « Oui, oui, oui, je te lâche ! » Qu’elle s’exclama en direction du corgi avant de décrocher sa laisse et de reporter à nouveau son attention sur Jakob. « Je suis trop trop contente de te voir ! » Comme une énorme envie d’aller lui pincer les joues, comme on peut le faire à un pauvre nouveau-né n’ayant rien demandé. Pourtant, la petite blonde se retint pour ne pas faire peur à son cousin et s’assurer une belle rencontre. Mieux valait ne pas l’agacer dès la première minute… « Même pas tu annonces ton retour en plus ! Tsss. » Ou pas. Enid et sa grande délicatesse. Il n’y avait rien de méchant, au contraire. Elle aurait juste aimé pouvoir organiser une fête, ou quelque chose, pour célébrer le retour de son cousin. Pas un pique-nique improvisé à côté d’un étang et que tous les deux. Même si c’était chouette aussi ! « Ça fait pas un trop grand choc de voir plein de monde d’un coup ?! » Référence à cette annonce de Madame le Maire, qui avait rassemblé bon nombre d’habitants investis.

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Le corgi d'Enid était venu se poser dans les pattes du border collie de Jakob. Pilote était tout heureux de retrouver un compagnon de jeu et sautait joyeusement en cherchant la confrontation amical avec Oogie. Mais les maîtres étaient bien loin de ces manifestations de joies. Ils avaient leur propre retrouvaille à célébrer. Le capitaine afficha un grand sourire devant l'excitation palpable de sa cousine. Il s'attendait presque à ce qu'elle lui pince les joues à la façon des grands-mères, mais heureusement pour lui, elle s'abstint. « Moi aussi je suis heureux de te revoir Enid... » Répliqua le marin en passant une main sur la joue de la jeune femme. Elle avait l'air heureuse. Et c'était plutôt agréable de la voir ainsi. Elle avait eu son lot de misère aussi. Elle finit tout de même par le réprimander. Il n'avait pas annoncer son retour. Haussement d'épaule. « Pour me retrouver à une fête plus grande que celle que la ville peut organiser ? Non merci. » Répondit Jakob en fronçant les sourcils. « Dieu sait ce que toi et James auraient pu me préparer ! » Reprit-il en secouant la tête. Il n'avait pas envie d'être accueilli comme l'enfant prodige. Il n'avait rien fait de bien. Il s'était juste enfuit. Et il n'avait pas envie d'être reçu avec le faste d'une fête en son honneur. Quel honneur il avait eu à partir ainsi ? Aucun. Mais il en avait eu besoin. Et il était heureux de revenir. C'était le principal. « T'inquiète que mes parents ont prévu un programme d'invitation jusqu'à la fin de l'année... » Souffla-t-il en levant les yeux au ciel. « Le pire c'est que je leur dois bien ça... » Un sourire nostalgique se posa sur son visage. Enid lui demanda si le choc n'avait pas été trop rude de revoir autant de monde ne même temps. Et Jakob avait été plutôt malin de se pointer durant cette après midi. S'il voulait faire en sorte que sa présence passe relativement inaperçue. C'était le moment parfait. « C'était très bien comme ça ! Je devais bien m'attendre à être accueilli ! Au moins c'est fait. Tout le monde est au courant de mon retour et on peut passer à autre chose. » Jakob posa son regard sur sa cousine et un vent de nostalgie s'engouffra dans son coeur. Il se revit enfant avec les cousins. Il avait pas mal passé de temps avec eux. A jouer dans les jardins, à faire des bêtises, à grandir ensemble. Le marin attira une nouvelle fois Enid contre lui dans une étreinte. « Allez, viens. Tu m'as manqué Enid. Vous m'avez tous manqué... » Reprit-il dans un souffle. Après un moment de tendresse, Jakob toussota pour reprendre contenance tout en s'éloignant de sa cousine. « Allez ! Installe toi ! On va profiter de la terre ferme et de la beauté du parc. » Le ton joyeux, le capitaine s'installa sur la couverture pour commencer à manger. « Alors...il parait que tu as fini par comprendre qu'Arnesen avait un faible pour sa petite blonde ? » Lança-t-il dans un petit rire. Il n'était pas difficile d'avoir des nouvelles de Brevik, et en vrai, Jakob s'était tenu régulièrement informé sur la vie de ses proches.

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Heureusement qu’il était content de la revoir ! Enid aurait fait un scandale sinon, même en plein milieu du parc St Olaf. Bref. Il fallait qu’elle reste sur terre et ne s’emballe pas pour tout et rien. Mission importante : ne pas effrayer ce pauvre Jakob qui n’avait plus l’habitude de l’enthousiasme naturel de sa cousine. Au moins, il avait échappé à la fête du siècle pour célébrer son retour, puisqu’il n’avait pas prévenu… « Roh, tout de suite ! » Qu’elle joua à merveille, s’offusquant de ce qui aurait pourtant été la réalité. Surtout avec James dans le coup. Il aurait encore fait péter le compte en banque pour réserver toutes les animations possibles de Brevik. « Je sais faire dans la sobriété aussi hein, même si tu me crois pas ! » Difficile à croire. Peut-être aurait-elle un jour l’occasion de lui prouver.

« En vrai, j’ai failli pas te voir avec tous les goinfres… » Ce retour en  plein milieu de l’annonce de la maire Pemberton avait été du pur génie, pour être tout à fait honnête. Lui qui voulait passer inaperçu tout en se faisant voir avait bien réussi son coup. Si bien que, oui, Enid l’avait presque manqué tant elle était concentrée sur son occupation – servir le buffet made in Sons of Norway – et que les présents s’étaient affolés en voyant les petits fours débarquer. « Et, au fait, je suis à quel rang sur la liste des invitations ? » Question lâchée innocemment, alors qu’elle espérait fortement pouvoir l’inonder d’encore plus de questions et anecdotes à raconter. Avec toute la famille pour rendre les choses encore mieux. Oh, et pourquoi pas un château gonflable comme à l’anniversaire des Harrington ! Oui, non, on s’emballe là. « Tu m’as trop manqué aussi. » Qu’elle répondit, profitant de l’instant de tendresse de son cousin avant de s’installer pour le déjeuner.

Large sourire à l’évocation du grand brun. Légère gêne qui se développe, avec le rouge qui monte au joue. Balbutiements. De quoi, comprendre le petit faible ? Non mais, il n’allait quand même pas lui faire le coup, comme les autres, du ça crevait les yeux depuis longtemps nia nia nia… « Alors, déjà, je suis pas petite mais d’une taille mini...onne (mignonne, dans sa tête, pour une blague pas très drôle) et puis… voilà, hein. » Rien d’autre à dire, changement de sujet pour éviter le malaise. « Mais il est teeeeellement adorable. L’autre jour, on est allés se balader là-bas, juste sur la côte, avec le coucher de soleil qui se reflétait sur l’eau. Olala, trop romantique ! Tu savais qu’il était romantique ? Et tellement attentionné. Parce que, tu sais, j’ai toujours dit qu’il était très gentil et sensible, c’est pas de ma faute si les gens le croyaient pas. Puis tu le verrais avec Edda… Trop chou. Elle est trop mignonne. En plus, elle aime bien faire des bêtises avec moi, alors comme ça on se ligue contre Isak pour l’embêter. » Rire. Puis le moulin à parole reprit. « Oh puis il faudrait que tu passes à la maison, on a refait la cuisine l’an dernier ! Bon, c’est surtout lui mais bon, c’est pareil… Et la déco a changé un tout tout tout petit peu aussi ! » Large sourire. Beaucoup, même. La cabane ressemblait à présent à une vraie maison, et non un abri d’ours des bois.

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Faire dans la sobriété ? Enid ? Impossible. Même après une année et demi, il semblait peut probable que la jeune femme ait changé sur ce point. Ce n'était pas un défaut rédhibitoire. C'était juste elle. Et à vrai dire, c'était un côté que Jakob aimait beaucoup chez elle, en temps normal. Mais pas pour son retour en ville. Il préférait faire profil bas. Donc, pas de grande fête et d'effusion de sentiments devant une foule de proches. La référence à sa première soirée à Brevik le fit sourire. Oui. La foule affamée était une bonne diversion. « J'avoue, c'était la famine à Brevik pendant mon absence ou quoi ? » Lança-t-il dans un petit rire. Cette soirée réunissait probablement tous les plus grands mangeurs de la ville venus se servir gratuitement un repas copieux. Et en parlant de repas copieux, Enid demanda quand elle pourrait le voir débarquer pour un repas de famille. Haussement d'épaule, histoire de faire durer le plaisir. « Ah...bah en vrai c'est fou que tes parents n'ont rien dit... » Petite moue dubitative. « Nan mais bon...ça veut dire qu'ils veulent pas que tu viennes apparemment... » Souffla-t-il en secouant la tête. Avant de s'esclaffer finalement. Impossible de rester sérieux avec sa cousine. « Attends ! Je crois que c'est dans quinze jours qu'on débarque chez tes parents. Ils ont fait un tire groupé apparement. Toi et Drew êtes les biens venus mais on doit faire un truc séparé avec les Harrington parce que Mila bosse ce jour. C'était plus simple comme ça apparement... » Reprit-il en réfléchissant aux informations que sa mère avait bien voulu lui concéder. Il n'avait apparement pas à connaitre tous les détails de son emploi du temps sur les six prochains mois.

Puis la discussion glissa sur Isak. Trop heureuse de pouvoir s'étaler sur son amour, la jeune femme s'enflamma à propos du pêcheur. Jakob la regarda, épanouie, décrire son amour et sa relation avec la petite Edda. Qui devait surement avoir bien grandi, elle aussi. Il l'écouta en installant les aliments sur le drap posé au sol. Il ne pouvait retenir un sourire amusé devant l'enthousiasme de sa cousine. Il était vraiment heureux pour elle, pour eux. Ils s'étaient enfin trouvés et c'était plutôt beau à voir. Et rassurant. L'amour sait aussi triompher parfois. La famille Ollingsen pouvait se targuer d'avoir au moins trouver des perles pour les filles. Entre James et Isak, ils n'avaient pas à craindre qu'elles aient le coeur brisé. Elle l'invita à visiter la cabane d'Isak et insinua qu'elle avait beaucoup changé. « Il faudra me montrer ça alors ! » Répliqua le marin en piochant une tomate cerise. Cet instant présent était pour le moins apaisant. « Peut-être que je devrais penser à chercher un véritable pied à terre... » Reprit-il en fronçant légèrement les sourcils. A part son navire, le capitaine n'avait pas de maison ou d'appartement. Lors du divorce, Isolin avait récupéré le bien et l'avait surement vendu lors de son départ pour Seattle. Il pourrait peut-être envisager trouver un logement. Il aimait son bateau. Mais il y avait passé temps de temps dessus à ressasser le passé qu'un endroit neuf pourrait peut-être lui faire du bien. « Tu sais, le Bifröst est mon cocon. Mais...je crois qu'il est temps aussi pour moi de me poser à terre. Je sais pas...J'aime l'idée d'avoir une maison à moi. Mais il faudrait surement me trouver une vieille bicoque et la retaper aussi... » Faisant référence à la maison d'Isak. Oui, Jakob n'avait pas spécialement les moyens d'acheter quoique ce soit. La seule solution, serait de vendre le Bifröst. Et pour le moment, ça ne lui venait pas du tout à l'esprit.

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Non mais… Pas invitée ? Ses parents ne lui avaient rien dit ?! Rébellion ! Presque vexée de ne pas avoir été mise au courant, Enid se promettait déjà d’aller se plaindre auprès des Ollingsen pour cet affront. Promesse non tenue, évidemment, puisque Jakob se décida à mettre fin à sa blague. Tsss. Voilà une petite tape sur le bras qu’il n’avait pas déméritée. Mais, évidemment, il y avait un hic : Mila avait dû organiser son propre repas parce que… bref. Mieux valait ne pas aller jusqu’au fond de sa pensée. « Je verrai avec Drew et les parents alors ! » Et ce serait un repas délicieux, drôle et amusant. Avec les enfants, la bonne humeur. En tout cas, bien mieux que ce que Mila proposerait, malgré la présence de James. M’enfin, pourquoi passer tant de temps à penser à elle et se gâcher le quotidien ? Il y avait bien plus intéressant à raconter : sa vie avec Isak. Enid se lança donc dans une grande tirade pleine d’amour et d’enthousiasme. Son grand brun. La petite italienne. La cabane trop adorable. « Mais oui, tu peux venir quand tu veux ! La porte te sera toujours ouverte ! » Comme avec tout le monde, d’ailleurs, mais particulièrement pour la famille. Qu’il passe quand il le souhaite, il trouverait toujours bon accueil.

Sa main laissant au hasard le soin de choisir ce qu’elle dégusterait, Enid écouta attentivement les réflexions de son cousin. Alors comme ça, il voulait s’installer pour de bon à Brevik ? Pour une fois, la jeune femme se retint de dire quoi que ce soit pour ne pas interrompre le fil de pensée de son interlocuteur. Il avait le ton grave, la mine fermée. Oui, cette fois-ci, c’était un sujet sérieux à 100 %. Peut-être même à 1000 % ? En tout cas, Jakob avait l’air très investi émotionnellement dans ses pensées. « Ce serait trop bien ! Puis Zak serait trop content de venir t’aider, j’en suis sûre ! » En tout cas, l’idée ravissait Enid qui arborait un large sourire. « T’as une idée d’où ? » Près de chez eux, de préférence. « Je crois qu’il y a une vieille maison pas loin, on pourra aller la voir en repartant si tu veux ! » Rendez-vous déjà pris, rien ne pourrait faire changer d’avis la petite blonde. Au pire, elle ferait semblant de se perdre pour mener le brun où elle souhaitait. « Bon, je crois qu’elle est pas très grande et qu’il y a plein de boulot dessus, mais bon… Ça devrait le faire ! » Et hop, une tomate cerise piquée des mains de Jakjak directement dans sa bouche. Sourire. « Tu continuerais de faire des visites en bateau ? » A moins qu’il préfère trouver un autre emploi.

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C'était plutôt facile de faire marcher Enid. Et Jakob prenait un malin plaisir à embêter sa cousine. Il la considérait comme une soeur, et il se faisait un devoir de se comporter comme un frère. Le retour de bâton fut une tape sur l'épaule qu'il accueillit dans une grimace dramatique. La jeune femme était satisfaite de cet arrangement et il fut convenu qu'elle verrait directement avec ses parents et son frère. Jakob acquiesça et la conversation continua sur la lancé. Il serait toujours le bienvenu à la maison. Ce qui n'était pas pour déplaire au marin. C'était certain qu'il ne serait jamais perdu ici. Chez lui, auprès des siens.

Cette réflexion le poussa un peu plus loin. Il avoua à Enid vouloir s'établir un peu. La mer c'était son univers, incontestablement. Il ne pouvait faire sans. Mais après tant de mois loin de ses proches, Jakob ressentait le besoin d'avoir un pied à terre, un vrai. Enid s'enthousiasma pour la nouvelle. Trop heureuse de proposer l'aide d'Izak et même l'emplacement de la future maison. Jakob ria devant la réaction de sa cousine. Elle proposait d'aller visiter une maison proche du nouveau couple. Un truc à retaper. Pas très grand, mais suffisant pour lui. Il posa sa main sur le bras de la jeune femme pour la faire stopper. « Okay. Okay, Enid. On ira après. De toute façon je n'ai rien à perdre à visiter toutes les maisons abandonnées du coin ! » Répliqua le marin en riant. Il allait reprendre une tomate qu'Enid lui piqua. Il secoua la tête avant de prendre une seconde tomate. « Tu sais, le Bifrost n'est pas un palace. J'ai l'habitude des petits espaces. Tant que je peux faire une seconde chambre pour les enfants. C'est le plus important. Le reste...tu me verras probablement plus souvent dans le jardin. » Reprit-il. Il s'imaginait déjà sur un transat, à boire une bière en compagnie de James ou de Zara. Il s'y voyait plutôt bien. Et depuis longtemps, il imaginait le futur avec confiance. Il organiserait un petit cocon pour ses enfants et pourrait enfin proposer un jardin à Pilote. Enid lui demanda s'il continuerait à proposer des excursions en bateau. Il acquiesça. « Oui. C'est mon gagne pain après tout. Mais je me suis promis, jamais plus d'un mois en pleine mer. Et qui sait, un jour, si ma vie reprend un cours normal, que je trouve ma stabilité et envisage de créer une nouvelle famille...on fera le tour du monde ensemble. » Jakob tendait probablement le bâton pour se faire battre. Ce n'était surement pas le genre d'information à donner à Enid s'il ne voulait pas se retrouver dans un enchainement de speed dating improbables. Il la fixa avec un petit sourire, s'attendant à tout de sa part.

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Annoncer vouloir s’acheter un pied-à-terre, ici, à Brevik. Il n’en fallait pas plus à la petite Ollingsen pour devenir folle de joie et s’emporter à nouveau. La voilà déjà en train de programmer des visites, imaginer un déménagement et même quelques travaux avec l’aide de toute la tribu. Non, Jakob, tu n’aurais plus jamais la paix après avoir prononcé de telles paroles. D’ailleurs, il continua avec les belles annonces en évoquant sa vie familiale. Autant dire qu’Enid entendait déjà les prémices d’une grande histoire d’amour avec les cloches du mariage en fond. Alors qu’il n’avait absolument rien dit ! « Olala, t’as quelqu’un ? » Qu’elle s’exclama, lâchant au passage les tomates qu’elle avait en mains tant elle était surexcitée. « Ou tu veux que je te présente qui ? » Eh oui, malgré la folie qui la prenait dès qu’on parlait sentiments, la jeune femme pouvait encore réfléchir un minimum et se rendre compte qu’elle avait mal traduit les paroles de son cousin. « Et t’inquiète hein, j’ai abandonné les double dates foireux ! » Sourire moitié gêné avant de reprendre son monologue pressant. De toute façon, il se prendrait un nouveau coup s’il osait se montrer désobligeant comme la dernière fois que ce mauvais plan avait été évoqué. Juste avant qu’il ne parte pour trop longtemps. « Il y a une jolie fille qui a lancé sa boutique dans la rue pas loin, et elle est super sympa en plus ! Puis elle m’a dit qu’elle n’avait pas de copain alors... » Signes des sourcils ridiculement dragueurs. Alors, tu dis oui, mon grand ! Ou Enid se chargera d’organiser la rencontre sans ton accord et la catastrophe annoncée se produira une fois encore. Oui, exactement, tout sera de ta faute quoi qu’il arrive. On ne change pas les bonnes habitudes chez la Ollingsen.

Ceci dit, il n’y avait pas que le thème amoureux qui avait suscité la curiosité de la jeune femme. Les excursions en bateau, c’était vraiment le top. Enid était soulagée d’apprendre que son cousin continuerait. Même s’il aurait totalement eu le droit de changer de voie ! « Tu crois qu’on pourrait emprunter le bifrost un jour ? avec Zak ? Parce que, bon, son bateau de pêche il est pas très confortable. Puis c’est pas très glam une virée dans l’odeur de poisson... » Et, surtout, Enid aurait l’impression de partir à l’aventure, loin du train-train devenu habituel. Histoire de passer un moment différent de tous les autres avec son compagnon. « Je te donnerai des sous, hein ! Je voudrais quand même pas profiter de mon cousin adoré ! » Qu’elle ajouta, en minaudant à ses côtés. Comme s’il ne connaissait pas les stratagèmes de sa cousine…  

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Ca n'avait pas loupé. Il en fallait peu à Enid pour laisser échapper son imagination. Jakob était bien plus réservé sur l'avenir qu'elle. Même s'il se permettait aujourd'hui d'y penser, à son avenir. Il y a quelques mois encore, ce n'était pas envisageable pour lui de voir au-delà de la journée même. Aujourd'hui, il aimait à penser qu'il pouvait encore être heureux. Et d'une certaine façon, il l'était aujourd'hui. Même s'il ne profitait pas de ses enfants autant qu'il le souhaiterait. Il les savait heureux et en sécurité. Et c'était le plus important. Il communiquait quotidiennement avec eux et les accompagner dès que possible dans leur grand changement de vie. Il serait la pour les petites choses au besoin, et qui sait, peut-être qu'ils décideront de revenir à Brevik un peu plus tard. Et c'était là son véritable objectif. Attiré ses enfants ici, les faire revenir auprès de leur famille, leur donner des souvenirs inoubliables pour qu'ils puissent avoir comme réflexe de revenir ici dès que possible. C'est un peu insidieux, probablement un peu sournois, mais il s'en fiche en vrai Jakob. Tout ce qu'il veut, c'est leur bonheur.

En parlant bonheur et famille, Enid dégaina aussitôt la question, et devant les mains qui se positionnent en signe de défense et la tête qui se secoue de droite à gauche, la cousine enchaina avec une proposition de rencontre. Jakob continua de secouer la tête. Elle affirma qu'elle avait oublié les doubles dates et le marin fut soulagé de l'entendre. Mais elle lui proposa quand même une rencontre avec une certaine vendeuse. Soupir. « Okay, alors on va mettre les choses au clair Niddy. C'est non aux rencontres arrangées. Laisse-moi déjà trouver mon pied à terre. Je n'ai pas l'intention de tomber amoureux...si seulement c'est possible... » Les derniers mots étaient plus pour lui que pour sa cousine. Oui, Jakob avait un peu de mal avec la notion d'amour, se rendant compte qu'il n'avait jamais vraiment était amoureux fou, sauf peut-être adolescent avec Freya. Mais là encore, les hormones aidant, Jakob se demandait encore si ce n'était pas fictif tout ça. Et si aujourd'hui on pouvait encore ressentir ce sentiment d'adolescent. En voyant sa cousine et Isak, cela semblait probable. Mais pour lui...Qui pourrait lui faire chavirer ce coeur qui ne semblait aimer que sa famille.

Pour revenir sur le bateau, Jakob acquiesça. « Oui, avec plaisir ! Je ne pense pas le vendre...enfin j'espère ne pas avoir à le faire...après j'avoue que c'est mon seul bien de valeur. Le vendre me semble pas envisageable mais je ne sais pas... » Répondit Jakob en piochant une tomate à manger. Il voyait du coin de l'oeil des canards sortir de l'étang. Ils semblaient s'approcher l'air de rien. Le marin ne s'attarda pas sur ça. Il se concentra une nouvelle fois sur sa cousine. « T'embête pas pour les sous. C'est pas important... » Répliqua le cousin en secouant la tête. « J'imagine qu'il y aura d'autres moyens pour me rendre la pareil. » Reprit-il en lui adressant un sourire. « Tu demanderas juste à Isak de faire le plein ! » Petit clin d'oeil. Et le canard qui s'approche de la nappe. Jakob fronça les sourcils. Il chercha les chiens du regard mais ils jouaient comme des fous un peu plus loin. « Niddy...Il y a un canard qui s'approche de toi... » Lança le marin en lui montrant d'un mouvement de menton.